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Trait commun

It was Captain Ramón's office into which he looked. He saw the comandante sitting before a table reading a letter which, it appeared, he had just finished writing. Captain Ramón was talking to himself, as does many an evil man.

Soit :

C'était le bureau du Capitaine Ramón qu'il observait. Il aperçut le comandante à sa table de travail, lisant une lettre qu'il avait, à ce qu'il semblait, à peine achevée. Le Capitaine Ramón se parlait à lui-même, comme le font bien des méchants.

Voilà, à présent, vous savez reconnaître un méchant. Il parle quand il est tout seul.

Tiré de The Curse of Capistrano de Johnston McCulley (1919), chapitre 15.

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Ce moment est particulièrement délectable, et reflète assez bien l'esthétique mi-figue mi-raisin du roman de McCulley : l'emphase traditionnelle du roman y est compensée par le sentiment de luttes sans enjeu (jamais on ne peut craindre l'échec du héros), l'héroïsme y est rendu dérisoire par le besoin que la vertu a de se parer de l'astuce et de l'humour, et l'écriture elle-même, malgré son caractère direct, n'est pas dépourvue de jolies coquetteries (jamais affectées).

Ici, il est vraiment difficile, en contexte, de déterminer si l'auteur nous gratifie d'un stéréotype pour ne pas développer ou d'une plaisanterie censée susciter un rire joyeux.
Quoi qu'il en soit, j'aime beaucoup.

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Le film de Fred Niblo (1920) suit d'assez près le contenu du roman (qui, publié initialement en épisodes, avait remporté un vif succès) et pousse encore un peu plus loin le tranchant des réparties.

J'aurai peut-être l'occasion, comme pour le vampire, de revenir plus amplement sur la figure de Zorro (dont ce roman marque l'apparition), qui pose quelques questions éthiques assez profondes et inconfortables sous une forme remarquablement grand public (et souvent primesautière).


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Commentaires

1. Le samedi 10 mars 2012 à , par 808

ça me rappelle ce fameux vers de lou reed

"You know, that women never really faint;
And that villains always blink their eyes; "

2. Le samedi 10 mars 2012 à , par DavidLeMarrec

Bonjour !

Oui, évidemment, à cliché, cliché et demi. Mais j'aime beaucoup l'incertitude du caractère parodique dans celui que j'ai proposé.

D'une manière générale, ce récit est très sympathique, avec ses énormes fautes (involontaires) d'espagnol, ses soldats affabulateurs, ses bandits civils et ses señoritas furibondes. On trouve un certain nombre de jolies choses dans le genre de ce qui est relevé ci-dessus.

3. Le samedi 10 mars 2012 à , par 808

j'aime beaucoup les clichés, on peut jouer avec à l'infini.
(l'incertitude est en effet peut-être une composante de ce qui fait le sel de ces tournures mais) j'ose croire que pour mcculley comme pour lou reed il s'agisse d'un gros... clin d'oeil à l'adresse du spectateur.

4. Le samedi 10 mars 2012 à , par DavidLeMarrec

Pour Lou Reed, ça me paraît plus qu'évident. Pour McCulley, c'est plus incertain, le stéréotype y est à la fois assumé sérieusement (c'est un roman d' "aventures" malgré tout, ça ne se lit pas avec la défiance du Quichotte) et parfois légèrement mis à distance.

Ici, je penche effectivement pour le clin d'oeil, mais je n'en suis pas complètement convaincu non plus. Je n'ai pas lu assez de récits anglophones de cette époque dans ce registre pour pouvoir assurer avec certitude s'il s'agit d'une tournure habituelle (en tout cas possible) ou d'une exagération facilement perceptible.

Bonne soirée !

5. Le jeudi 29 mars 2012 à , par François le disparu corps et âme

C'est que le méchant complote et n'a pas d'amis. Il faut bien qu'il parle à quelqu'un. Il peut donc parler à ses victimes, mais seulement au dernier moment moment, quand leur sort est scellé. Il peut aussi parler à ses comparses, mais les comparses ne peuvent pas partager les grands desseins des méchants, ce ne sont que des comparses.

Le méchant se parle donc à lui même, c'est logique et réaliste.

(pfff aucune observation psychologique élémentaire)

6. Le samedi 31 mars 2012 à , par DavidLeMarrec

Tu n'as pas tardé !

Je retrouve bien là ton rare talent pour l'exégèse des méchants d'opérette. Ta description de Zampa est restée culte pour moi.

\o/

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