Lully, ce romantique
Par DavidLeMarrec, jeudi 22 décembre 2011 à :: En passant - brèves et jeux - Baroque français et tragédie lyrique - Domaine symphonique - Musique romantique et postromantique - Musiques du vingtième siècle :: #1884 :: rss
Première notule non anglaise de la semaine.
Voici ce que l'on trouve en plein coeur d'une oeuvre de 1932 :
Début de l'acte II des Flammes de Paris, ballet composé par Boris Asafiev. Citation littérale (et in extenso, moins les reprises) de l'Ouverture de l'Armide de Lully (1686), jouée à la romantique, avec quelques bribes d'orchestration un peu plus XVIIIe (on se rapproche des Feux d'artifice royaux de Haendel). Le fugato, lui, est joué de façon lente et staccato, comme une galanterie de menuet, effet inattendu mais absolument délicieux.
Les autres citations (par exemple la sarabande de l'acte I de la même Armide) et imitations qui suivent dans ce ballet-dans-le-ballet, jouées de la même façon visqueuse, m'enthousiasment considérablement moins, elle ramollissent le flux, très dynamique jusqu'ici, de la musique et de l'action.
Tout cela sert de support à un bal donné par la cour décadente de Versailles - au sein d'un ballet à la gloire des sentiments révolutionnaires. Evidemment, la musique a un siècle d'écart, mais après tout, Lully (quoique remanié quant aux ouvertures et divertissements) était joué jusqu'à assez tard dans le XVIIIe siècle, et surtout la couleur française (et archaïque) de la Cour est ainsi conservée, avec un joli clin d'oeil, au lieu de récrire mal dans un style indéfini.
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Пламя Парижа est une oeuvre que j'aime beaucoup ; elle parvient à reproduire dans un ton romantique une couleur musicale spécifique à la fin du XVIIIe et au début du XIXe : on a vraiment l'impression d'entendre un ballet romantique écrit sur du Gossec et du Hérold. L'harmonie et l'orchestration y doivent beaucoup, avec cependant les flexions rythmiques nécessaires pour écrire un vrai ballet narratif moins rigide que le ballet à entrées de l'ère classique.
Elle n'est sans doute pas considérée comme de très bon goût (et elle n'apporte, en effet, absolument rien à l'histoire de la musique), mais il est rare de rencontrer des oeuvres aussi intensément et constamment roboratives.
Commentaires
1. Le lundi 26 décembre 2011 à , par Jérémie
2. Le lundi 26 décembre 2011 à , par DavidLeMarrec
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