Massenet : Cendrillon vue de l'intérieur (B. de Billy / Covent Garden : DiDonato, Coote, Gutiérrez, Lafont)
Par DavidLeMarrec, mardi 12 juillet 2011 à :: Opéras français d'après le romantisme :: #1780 :: rss
Les lutins locaux ne sont pas des lecteurs très assidus des sites de chanteurs, à de rares exceptions près.
Néanmoins, les représentations de Cendrillon de Massenet ayant reçu des critiques très mitigées, on est allé faire un détour du côté du carnet de Joyce DiDonato, chouchoutée par les médias mais aujourd'hui accueillie avec beaucoup de fraîcheur - trop tendu pour elle, lit-on.
... Et je suis enchanté d'y trouver un enthousiasme partagé pour cette partition, pour cette façon personnelle de ponctuer les interventions vocales, son climat très spécifique.
Par ailleurs, ce qu'écrit la chanteuse se révèle assez développé et fin, très loin des vagues impressions qu'on entend habituellement dans les entretiens accordés par l'un ou l'autre à la presse.
--
Concernant les représentations, j'ai pu en écouter la radiodiffusion, et le résultat est assez convaincant. La direction d'orchestre gagne à la sècheresse de Bertrand de Billy, même si, avec un orchestre qui n'est pas comme les Musiciens du Louvre exclusivement attaché à sa personne, les détails sont moins inspirés. Le choeur est excellent (ce qui était le petit point faible de la production Lazar / Minkowski).
Les chanteurs sont globalement
moins convaincants :
- problèmes de chauffe pour Jean-Philippe Lafont, qui a cependant toute l'habileté pour compenser amplement, par sa précision de portraitiste, les notes écourtées ou mal sorties ; mais on n'a pas le velours de Laurent Alvaro, clairement ;
- malgré son bon français Alice Coote paraît quelquefois très virile pour un prince charmant mélancolique, en tout cas pas tout à fait gracieuse, même si sa voix très pleine ne manque pas de séduction ;
- Joyce DiDonato est finalement celle qui tient le mieux la comparaison, même si elle est bien moins aisée et frémissante que Blandine Staskiewicz aussi bien que Judith Gautier. La voix manque d'aspérité, et lorsque le timbre devient trop dense, il fait dérailler la voix hors de la caractérisation attendue. Mais malgré la limite de la voix dans l'aigu, DiDonato ménage des pianissimi superbement frémissants, et une bonne incarnation qui ne souffre pas de cela.
Ewa Podleś et Eglise Gutiérrez conservent les caractéristiques entendues à l'Opéra-Comique, avec un brin moins d'abattage pour Podleś et un peu plus d'aisance (et encore moins de clarté d'élocution) pour Gutiérrez.
Donc vraiment pas de quoi se dire déçu pour la critique sur place, même si, à la comparaison, la captation radio de Minkowski donne bien plus envie d'être réécoutée (et elle le fut souvent !).
--
Pour un commentaire et des extraits de l'oeuvre, on peut se reporter à la notule correspondante.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire