Saison 2011-2012 à la Salle Pleyel : sélection de raretés
Par DavidLeMarrec, dimanche 27 mars 2011 à :: Saison 2011-2012 :: #1690 :: rss
Pour des raisons évidentes de temps disponible, je ne fais que mentionner les oeuvres rares et ne cite pas les couplages s'ils sont plus traditionnels. A chacun d'aller voir dans les brochures si l'ensemble du concert est digne d'intérêt.
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Débutons par le petite événement de la saison :
=> Eduard TUBIN, Symphonie n°11. / Hans ROTT, Symphonie en mi.
Par Paavo Järvi et l'Orchestre de Paris.
Réfrénez votre joie : sauf restitution musicologique dont je n'aurais pas eu vent, cette dernière symphonie de Tubin est inachevée et dure moins de dix minutes. Elle ne figure même pas dans l'intégrale de Neeme Järvi qui a largement diffusé sa musique hors d'Estonie. Elle se trouve cependant au disque dans l'admirable intégrale d'Arvo Volmer (avec l'Orchestre Symphonique National d'Estonie) chez Alba.
L'oeuvre, malgré sa date de composition (dernier quart du XXe siècle !), est extrêmement nielsenienne : les harmonies et l'orchestration sont celles des mouvements extrêmes de la Quatrième Symphonie, avec un brin moins de variété et d'arêtes. Pour ceux qui aiment la musique orchestrale de Nielsen, Tubin est de toute façon un réservoir à émotions simulaires. Globalement plus sombre (on n'y trouve pas, même dans sa Première Symphonie, les éclats lumineux intenses des quatre premières symphonies de son prédécesseur), mais l'ensemble demeure très prenant.
Quant à la Symphonie de Rott, mort vingtenaire, il ne faut pas croire les commentaires qu'on peut lire sur ses parentés avec Mahler (qui lui a certes empruntés certains thèmes de sa symphonie, mais pour un usage tout autre). Le lien est bien plus fort avec Bruckner, dont il est très parent, avec une forme de liberté et de souplesse supplémentaires.
On y trouvera certes le bien moins rare (et moins exigeant) Concerto pour violon de Tchaïkovsky, mais par Leonidas Kavakos, un des violonistes les plus intéressants du moment, à mon sens... et avec Paavo Järvi, sans doute sans grandes concessions au sirupeux. (Et comme personnellement, j'aime passionnément tout Tchaïkovsky, je ne suis pas le moins du monde incommodé par le couplage étrange.)
=> Stravinsky, Scènes de ballet & Symphonie en ut / Widmann, Concerto pour violon.
=> Grieg, Peer Gynt, malheureusement des extraits, mais avec récitant. (Paavo Järvi / OP)
L'ONF l'avait déjà fait sous Kurt Masur, avec beaucoup de bonheur. Voir ici pour une version française disponible au disque.
=> Szymanowski, Troisième Symphonie. (Davislim / LSO / Boulez)
=> Falla, Monsalvatge, Lara : extraits rares d'opéras espagnol. (Petibon / Capitole / Pons)
Je ne garantis vraiment pas que ce soit intéressant (pas des compositeurs majeurs concernant l'opéra, vraiment pas !), mais c'est assurément rare.
=> Gounod, Messe solennelle de sainte Cécile / Arriaga, Ouverture pour Los Esclaves Felices. (López-Cobos / OP)
Ici aussi, pas forcément des oeuvres majeures ; à coup sûr agréables, en revanche.
=> Gounod, Première Symphonie / Chostakovitch, Première Symphonie. / Saint-Saëns, Troisième Concerto pour violon.
Pas forcément des oeuvres qui me transportent (à part, l'avouerai-je, le Concerto de Saint-Saëns), mais on ne peut pas nier que les deux symphonies soient rarement données en concert. Couplage très bizarre, en revanche, tant les publics de Chosta et de Gounod / Saint-Saëns sont en général plutôt étanches.
=> Boulez, Pli selon pli. (Hannigan / Intercomporain / Lucerne FA / Boulez)
(Pour information, le Lucerne Festival Academy recrute de jeunes musiciens (notamment issus du CNSM) et collabore régulièrement avec Pierre Boulez.)
=> Transcriptions : Debussy, Faune / Ravel, Rhapsodie Espagnole & La Valse / Stravinsky, Le Sacre du Printemps. (Engerer / Berezovsky)
=> Brahms, Begräbnisgesang. / Stravinsky, Symphonie de Psaumes. / Bruckner, Deuxième Messe. (Gardiner)
=> Scriabine, Troisième Symphonie / Prokofiev, Deuxième Concerto pour piano. (Berezovsky / Kirill Petrenko)
=> Ligeti, Atmosphères & Lontano / Manoury, Concerto pour piano (création). (Metzmacher / OP)
=> Debussy, concert de mélodies. (Dessay / Cassard)
Pas sûr que cette écriture corresponde bien au profil vocal et interprétatif de Natalie Dessay (ne serait-ce que la clarté de l'articulation...). Mais il est rare de disposer d'un concert de mélodies françaises aussi homogène, c'est déjà beaucoup.
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Dans cet ensemble, tout ne me tente pas également (particulièrement intéressé par le concert Tubin, les Stravinsky rares et le couplage chez Gardiner).
Parmi les autres auxquels j'ai envie de me rendre, je me dis que certains peuvent être particulièrement intéressants par leur composition :
=> Stravinsky, Oiseau de feu intégral / Debussy, Faune & Mer (Chung / Philhar)
Rien d'original, mais un couplage du tonnerre, tout de même !
=> Ravel, Shéhérazade. (Vourc'h / Colonne / Petitgirard)
Lorsqu'on a entendu sa Mélisande, on ne peut que rêver de l'entendre dans ce cycle. Couplé avec du Escaich, en plus, donc un concert peu ordinaire.
=> Copland, Variations pour piano / Ravel, Miroirs / Brahms, Op.116 et Première Sonate. (Yuja Wang)
On pourra dire ce qu'on voudra de Yuja Wang sur le plan pianiste (oui, un brin lisse), mais elle, au moins, alors qu'elle est toute jeune, et assez nouvelle dans le grand circuit international, elle prend des risques, en se confrontant à des oeuvres considérablement difficiles, considérablement intéressantes et considérablement variées...
D'autant que les Variations de Copland, avec leur thème erratique, aussi disjoint et dissonant qu'une série, ne sont pas précisément avenantes pour l'auditeur ! On est loin des poèmes symphoniques à programme, très loin.
=> J.S. Bach, Passion selon saint Matthieu. (Minkowski / Louvre-Grenoble)
Les versions par les baroqueux spécialistes de tragédie lyrique sont toujours très différentes, la Saint Jean d'Emmanuelle Haïm était singulièrement dansante, colorée et dramatique.
=> Beethoven, Missa Solemnis. (Colin Davis)
Colin Davis était l'auteur, du moins avant l'arrivée d'un certain nombre de versions assez originales et abouties dans les années 2000 (Herreweghe !), d'une des versions traditionnelles les plus prenantes de la discographie (avec certains Karajan réussis, par exemple). S'étant beaucoup amélioré, il y aura sans doute du bénéfice à aller l'entendre.
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Et puis pas mal d'autres choses, parce même s'il y a beaucoup de redites comme chaque année, dans l'immensité de la programmation, il y a forcément des choses qu'on a envie d'entendre en concert, rares ou pas !
Commentaires
1. Le dimanche 27 mars 2011 à , par Era
2. Le dimanche 27 mars 2011 à , par Pois de senteur
3. Le mardi 29 mars 2011 à , par Jérémie
4. Le mardi 29 mars 2011 à , par DavidLeMarrec
5. Le jeudi 31 mars 2011 à , par Gilles :: site
6. Le jeudi 31 mars 2011 à , par DavidLeMarrec
7. Le vendredi 1 avril 2011 à , par Antoine
8. Le vendredi 1 avril 2011 à , par Gilles :: site
9. Le samedi 2 avril 2011 à , par DavidLeMarrec
10. Le samedi 2 avril 2011 à , par DavidLeMarrec
11. Le dimanche 3 avril 2011 à , par antoine
12. Le dimanche 3 avril 2011 à , par DavidLeMarrec
13. Le lundi 4 avril 2011 à , par Antoine
14. Le mardi 5 avril 2011 à , par DavidLeMarrec
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