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Le lied en français - VI - Schubert, Vilain curieux (La Belle Meunière)


Pour les enjeux de l'entreprise, on pourra se reporter ici.

Et pour mémoire :

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Voici donc une nouvelle livraison, sur le sixième lied de Die Schöne Müllerin : "Der Neugierige".

Toujours proche du texte, versifié par la rime (un mètre fixe n'est pas souhaitable si on souhaite épouser la prosodie musicale prévue pour un poème allemand précis).

Voici déjà un test enregistré de ma part. Réalisé en faisant simultanément accompagnement et chant, avec uniquement la partition allemande sous les yeux, c'est donc hésitant et pas bien timbré, mais donne une idée de la façon dont le nouveau texte dialogue avec la musique.


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Si certains lecteurs souhaitent une transposition (j'ai conservé la tonalité originale sur l'exemple imprimé, donc accessible plutôt aux sopranes et ténors), ou bien désirent retravailler la source pour y inclure l'accompagnement, il suffit de me joindre en commentaires ou par courriel.

Vous trouverez ci-après le texte original en regard de sa traduction versifiée, puis la partition (propre !) de la ligne vocale, avec les quelques ajustements rythmiques marginaux. Il suffit donc de le chanter avec l'accompagnement habituel, tout fonctionne. [Voir par exemple pour la partition originale dans la même tonalité.]

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Der Neugierige / Vilain curieux

Ich frage keine Blume, / Je ne crie pas aux roses,
Ich frage keinen Stern, / Je ne crie pas aux cieux,
Sie können mir [alle] [1] nicht sagen, / Ils ne savent pas, je suppose,
Was ich erführ so gern. / Ce que j'aime le mieux.

Ich bin ja auch kein Gärtner, / Je ne suis, pourtant, laboureur,
Die Sterne stehn zu hoch ; / Les étoiles sont trop hautes ;
Mein Bächlein will ich fragen, / Mon ruisseau me dira sans faute
Ob mich mein Herz belog. / Si le sursaut de mon coeur fut menteur.

O Bächlein meiner Liebe, / Ruisseau que j'aime tant,
Wie bist du heut so stumm ? / Te voilà silencieux !
Will ja nur eines wissen, / Je demande à ton cours paresseux
Ein Wörtchen um und um. / Un mot, un petit mot tremblotant.

Ja heißt das eine Wörtchen, / « Oui » est cette parole
Das andre heißet Nein, / L'autre s'appelle «Non».
Die beiden Wörtchen / Ma torture et mon démon
Schließen die ganze Welt mir ein. / Est ce décret qui m'affole.

O Bächlein meiner Liebe, / Ruisseau de mes amours,
Was bist du wunderlich! / Te voilà bien étrange !
Will's ja nicht weitersagen, / A ton verdict je me range,
Sag, Bächlein, liebt sie mich? / Dis, ruisseau, m'aime-t-elle à son tour ?

====> La partition au format PDF.

Même "licence" que précédemment : les lecteurs de CSS sont libres d'utiliser à des fins personnelles ou en public ces partitions, à condition d'en indiquer la provenance (nom ou site).

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J'en profite pour chanter les louanges de LilyPond, logiciel qui fonctionne uniquement à partir de commandes textuelles (simples) : le rendu visuel est (de loin) le plus beau du marché, mais surtout, il est extrêmement rapide d'y entrer des partitions. Il suffit d'un petit après-midi pour lire la documentation au fil de ses besoins (elle est très bien faite, en deux parties et dans un français clair). Une fois le principe (pragmatique) observé, on peut facilement entrer et modifier des partitions, même relativement fournies ou complexes.

Le problème des autres logiciels est justement l'aspect non binaire de leur fonctionnement : il faut passer par des séances de précisions assez crispantes avec la souris, supporter les mises en forme automatiques non conformes, se battre pour obtenir l'aspect voulu... et surtout perdre beaucoup de temps et de sérénité.

Si certains lecteurs souhaitent se lancer, je me permets simplement un conseil : n'essayez pas de vous réapproprier la syntaxe d'un fichier existant, il y a plusieurs façons de noter la même chose et si vous n'utilisez pas exactement les mêmes fonctionnalités, vous pouvez ne pas arriver à exploiter votre fichier. Il est plus sûr de bâtir pas à pas en allant chercher les éléments nécessaires dans la documentation.

Et au passage, merci à Jérémie de m'avoir incité à retenter l'aventure LilyPond, qui ne s'était pas révélée concluante les deux fois précédentes.

Notes

[1] Ajout de Schubert.


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Commentaires

1. Le lundi 21 mars 2011 à , par Olivier :: site

Tu dis de plus en plus souvent "je" et de moins en moins souvent "les lutins" : Natrav constaterait une amélioration de ton état psychique.
Sinon, dans ton enregistrement tu chantes "je ne suis pas laboureur" alors que tu écris "je ne suis pourtant laboureur". A la place de "laboureur", j'aurais plutôt choisi "horticulteur" en chantant "je n'suiiis pas hooor-ti-cuuulteur". Aussi, au lieu de "Si le sursaut de mon coeur fut menteur", j'aurais mis "si j'ai été trahi par mon coeur".
J'aime beaucoup ton jeu de piano : rythmé, léger, et mutin. Juste que tu pourrais utiliser encore un peu moins la pédale (j'ai remarqué que tu aimais bien l'utiliser, cette pédale cliquetante ;))

2. Le mardi 22 mars 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Olivier !

Merci pour ton passage. :)

=> Contrairement aux apparences désordonnées, j'accorde beaucoup de soin au choix de mes pronoms personnels. J'ai progressivement abandonné le "nous" d'auteur, que je trouve très formel par rapport au ton badinant que j'aime trouver ici - il n'est même pas nécessaire dans les communications universitaires, alors sur CSS !
Quant aux lutins, c'est une plaisanterie assez ancienne, mais ça n'a pas vocation à remplacer tout à fait ma présence.

En réalité, le "je" est particulièrement présent depuis quelque temps parce que j'aborde des sujets où il me semble nécessaire de signaler que c'est une subjectivité qui parle : lorsque je commente un concert ou propose une traduction, il est évident qu'il est question de goût personnel, et pas de données pleinement objectives. Et ce, même si j'essaie de motiver autant que possible mes impressions ou mes choix.


=> Sur le poème français. Merci de ton intérêt, déjà !
Ensuite, oui, comme mentionné, j'ai réalisé le fichier audio en jonglant entre la partition originale et mon texte traduit griffonné sur plusieurs petites feuilles (de mon écriture pas spécialement bouclée), donc il y a quelques divergences mineures.
En réalité, je trouvais légèrement inélégant l'appui sur "ne", donc j'ai dédoublé la croche initiale en "je ne", mais les deux fonctionnent.

=> Evidemment, pour "horticulteur", ça nous fait basculer dans une autre dimension, plus distanciée et parodique, qui s'éloigne de mon projet de demeurer relativement exact quant au contenu, mais aussi quant au ton général.
La poésie, contrairement aux idées reçues, s'accommode mal des mots longs ou de formation savante : ceux de formation populaire, élimés par le temps (donc plus courts), moins exotiques aussi, se fondent bien mieux dans l'expression poétique que les mots trop recherchés, et singulièrement ceux qui appartiennent aux vocabulaires techniques.
(Je ne parle même pas de l'élision du [e], qu'un sudiste dans mon genre ne peut cautionner, à plus forte raison pour de la versification type XIXe.)

=> "si j'ai été trahi par mon coeur", oui, c'est tout à fait possible.
Néanmoins, plusieurs réserves :
- La rime en [eur] avec "coeur" est un peu conventionnelle.
- Le sens est différent de l'original ("ai-je eu raison de croire à cet amour ?") - on peut penser avec ta formulation qu'il a été découvert par la meunière, et puis l'idée de trahison, donc de discordance entre le coeur et l'être, me paraît assez en opposition avec tout ce qui guide notre meunier.
- Surtout, trop de voyelles proches qui se suivent, ça ne sonnerait pas très joliment chanté.
Cela dit, oui, ça reste tout à fait possible, je t'autorise la variante. :)

3. Le mercredi 23 mars 2011 à , par Raphaël

Bonjour David :)

Déjà, félicitations pour tout ce travail, tu arrives à trouver le bon équilibre entre le respect du poème, de la prosodie, et la liberté nécessaire pour que tout s'assemble.

Il y a en effet quelques petits décalages entre la version écrite et audio, avec des bonnes choses dans chacune : je préfère "je ne suis pas laboureur" sans ce "pourtant" qui vient un peu bousculer la prosodie, et sonne finalement plus lourd que l'appui sur le "ne". Et puis ce "verdict" que tu as bien fait de changer en "décret" dans la version finale...

Pour contre "un petit mot tremblotant" ne me semble pas tout à fait... élégant. En plus de s'éloigner du texte, le dernier mot contraste avec la délicatesse de la musique (et sons sens et un peu flou, je me suis demandé quelques instants pourquoi ce mot devait trembloter). Bref, je suis sûr qu'il y aurait d'autres solutions plus jolies à l'oreille.

4. Le mercredi 23 mars 2011 à , par DavidLeMarrec

(Seconde partie de la réponse à Olivier : )

Concernant la pédale, oui, j'ai le pied un peu généreux, pour plusieurs raisons :
- concentration sur les autres paramètres, qui la rend "paresseuse" en position appuyée ;
- acoustique du lieu d'enregistrement, sèche, qui est un peu désagréable si on n'enrobe pas un peu le son ;
- le toucher de ce piano est assez dur, et la pédale permet d'attaquer plus doucement, pour éviter les sons agressifs ;
- et surtout, le grincement : je l'utilise, en mode déchiffrage (c'est-à-dire la plupart du temps), pour lier deux accords entre eux, en principe, ce qui suppose de l'utiliser plusieurs fois par mesure. Impossible avec le bruit actuel.

Bref, je vais devoir faire du bricolage dans un premier temps pour régler le problème mécanique.

Et dans un second temps, nous verrons, car je tâche déjà de me soigner sur la "lourdeur" : le résultat devrait donc être sensible ensuite.

5. Le mercredi 23 mars 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Raphaël !

Merci pour ton commentaire généreux. :)

Déjà, félicitations pour tout ce travail, tu arrives à trouver le bon équilibre entre le respect du poème, de la prosodie, et la liberté nécessaire pour que tout s'assemble.

Alors, si ton oeil avisé m'approuve, je ne puis que me rengorger voluptueusement. :)

Il y a en effet quelques petits décalages entre la version écrite et audio, avec des bonnes choses dans chacune : je préfère "je ne suis pas laboureur" sans ce "pourtant" qui vient un peu bousculer la prosodie, et sonne finalement plus lourd que l'appui sur le "ne".

Oui, je suis parti de "pourtant", dont j'aime beaucoup le balancement, mais je me demande aussi si ça ne bouscule pas finalement, plus que la prosodie, la métrique musicale. C'est rectifiable aisément de toute façon, mais je suis content d'avoir ton avis.

Et puis ce "verdict" que tu as bien fait de changer en "décret" dans la version finale...

Passage très dur à traduire, je n'ose pas reproduire ici à la face du monde la première métaphore que j'avais utilisée (plusieurs, en fait, ce qui était très moche).
"Verdict" sonnait (étonnamment) trop concret, alors que "décret" est attesté en langue classique. Et surtout, trop de consonnes pour ce débit, ça faisait vraiment peu naturel. J'ai enregistré la version pourtant après l'avoir corrigé, mais j'ai fait un lapsus en jonglant entre mon petit texte griffonné et ma partition originale...


Pour contre "un petit mot tremblotant" ne me semble pas tout à fait... élégant. En plus de s'éloigner du texte, le dernier mot contraste avec la délicatesse de la musique (et sons sens et un peu flou, je me suis demandé quelques instants pourquoi ce mot devait trembloter). Bref, je suis sûr qu'il y aurait d'autres solutions plus jolies à l'oreille.

Ah tiens, différence totale de perception. Je trouve au contraire que c'est un des moments les plus réussis de cette version : le reste me paraît correct (parfois très moyen), mais ici, on est tout à fait dans l'esprit, je ne sens pas cette maladresse, pour moi "tremblotant", c'est quelque chose d'incertain, de tendre.
Pourquoi l'incertitude ? Celle, subjective, du meunier (presque une hypallage). J'y sens aussi un côté discret ("un petit mot de rien du tout"), et puis évidemment une référence aux propriétés liquide du ruisseau.
Pour moi, cette expression miroite de façon assez efficace, finalement.

J'attendais les réserves sur d'autres passages, où j'aurais peut-être abondé. Mais en tout cas, c'est très intéressant, cette divergence de sentiment.


Merci pour toutes ces précisions ! :-o

Voilà une raison de plus de te voir mon créancier...

6. Le vendredi 25 mars 2011 à , par Morloch

Pour être franc, j'ai regardé rapidement l'ensemble des traductions et je les ai trouvées bonnes (ce que je dis n'engage que ma compétence très limitée...) à l'exception de ce "Vilain curieux" qui me semble un condensé des défauts Lemarrequiens, s'il y en a : éloignement par rapport au texte original et tendance a une certaine préciosité chichiteuse (sisi, je suis certain que chanté par Bostridge avec Brendel au piano ce serait une merveille de cohérence stylistique :-P). Le résultat me paraît verbeux en comparaison du ton simple et direct du poème original.

Arf... voila, je sors, je ne dirai dorénavant que du bien, promis :'(

7. Le vendredi 25 mars 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Morloch !

Hou-là, c'est vrai que tu es méchant. :-)

Merci pour tes impressions en tout cas !

Est-ce que tu pourrais préciser un peu plus exactement sur quels vers tu es gêné ? Parce que c'est la plupart du temps très respectueux de l'original.

Ensuite, oui, il y a plusieurs endroits dans ce poème où je me suis éloigné de la littéralité en changeant les images (plus artificielles en effet : le décret, le verdict... bien que l'idée en soit contenue en filigrane dans l'original), tout simplement parce que je n'ai pas de solution pour compenser de façon satisfaisante la densité grammaticale de l'allemand : il faut forcément développer un brin pour passer en français.

Je suis plus gêné par l'entrechoquement d'expressions métaphoriques pas toutes très concordantes, dans certaines de mes traductions, chose que j'essaie autant que possible de corriger avant publication. Difficile d'être à la fois imagé et constant, dans le cadre de vers contraints par la rime et la prosodie déterminée par la musique.

En tout état de cause, n'aie crainte qu'un avis négatif, même aussi rigoureux, m'affecte :
- traduire un lied écrit pour épouser un poème dans une autre langue, c'est forcément du bricolage et une usine à infidélités, et j'en accepte volontiers le reproche ;
- je me suis donné licence pour un certain éloignement du texte, tant que je n'en change pas la progression et l'esprit, licence que je n'ai jusqu'à présent guère exploitée (mais que tu as remarquée ici, ce qui est vrai mais n'entre pas en contradiction avec mon projet) ;
- enfin, je suis très rassuré en comparant mon éloignement et ma préciosité à celle de mes illustres devanciers (c'est d'ailleurs parce que leur travail ne correspondait pas à mes souhaits que je me suis mis à l'oeuvre), dont le résultat n'est pourtant pas toujours mauvais.

Si tu regardes le Tilleul chanté par Thill (mais c'est valable pour le Frauenliebe traduit par Barbier ou la Meunière de Pagnol), on est bien plus loin du texte, dans une préciosité plus "salon" (avec l'univers sémantique de la mélodie français, en fait), et prosodiquement pas toujours efficace : l'exercice ne peut, par définition, pas égaler l'original. [Encore, que, dans certains cas, je sois persuadé qu'on peut faire autre chose d'aussi bien.]
A moins de se limiter à un nombre réduit de poèmes, ceux qui tombent facilement en français, mais ce n'est pas mon projet, puisque je vise une entreprise plus vaste, qui suppose effectivement une inégalité qualitative entre les traductions.

Je ne peux pas dire que je partage pleinement ton avis (je trouve cette version globalement fidèle, et même la plupart du temps dans le détail - et elle s'adapte correctement du point de vue prosodique), mais je ne suis pas en désaccord non plus avec tes réserves de principe, de toute façon. :) Et c'est malgré elles que je me suis lancé, parce que je ne suis pas certain qu'elles puissent être toutes levées.
Je tombe donc d'accord sur les défauts de mon entreprise, mais je ne crois pas qu'en convenir soit suffisant pour dispenser d'agir... et j'accepte donc bien volontiers la critique, à laquelle j'essaie de répondre aussi précisément et honnêtement que possible (en défendant ma camelote, bien entendu).

Je me sens beaucoup plus vulnérable sur les questions d'exécution musicale, par exemple, parce qu'elle est soumise aux imprévus de l'instant (le doigt qui ne tombe pas au bon endroit, le placement du son manqué...) malgré la qualité de l'intention et de la conception. Ici, je propose un produit que j'ai eu le temps de retoucher tout à loisir et dont je maîtrise donc le contenu : ses faiblesses sont bien plus faciles à assumer, puisque je n'ai pas le sentiment que ça ne reflète pas mon potentiel réel comme peut le faire une séance de musique ratée ou mal captée. :)

Bref, ne te prive pas de réagir, même pour donner un sentiment négatif, c'est tout à fait permis. :) Et en plus, comme je trouve le sujet passionnant, ça me donne l'occasion d'en deviser longuement, comme tu vois. Ben oui, il y a forcément plus à dire que si tu m'avais félicité (d'ailleurs je n'ai réagi qu'à la partie négative de ton message, le reste étant très agréable mais moins "intéressant").

8. Le lundi 28 mars 2011 à , par Morloch

C'est pénibe ces problèmes de prosodie, presque impossible de faire une traduction littérale sans modifier le nombre de pieds. Pffff...

En relisant, je crois que ce qui m'a fait tiquer, c'est aussi le "laboureur". En relisant ce vers, je ne retrouve pas l'image originale du jardinier, celui qui prend soin de ses roses. Un personnage en connivence avec la nature car capable de dialoguer avec les fleurs, avec la connotation que je ressens, peut-être à tort, d'une personne dont l'activité est de modeler une nature domestiquée pour l'agrément, dans un sens philosophique, pas seulement horticole.

Le laboureur, je visualise plus un personnage célébré par un sénateur de la IIIeme République entre deux réformes des règles applicables aux bouilleurs de crus. Le laboureur, c'est l'hommne qui guide le soc de la charrue, planté fermement dans son champ de blé, progressant lourdement aux côtés de son robuste cheval de trait, le regard rivé sur l'horizon (ou sur le bar des trois canards) après avoir donne quelques coups de bêche dans le massif de roses (parce que, franchement, c'est un truc de parisien ces fleurettes, il aurait mieux valu mettre des patates à la place).

Mais je dois être un cas désesperé pour la poésie, je ne fais que des associations d'idées hors sujet :'(

Mais c'est étonnant de voir à quel point une traduction modifie l'impression d'un poème. Comme tu le dis, on a le sentiment de se retrouver dans l'univers de la mélodie francaise via le simple passage à une autre langue. Mais je te rassure, c'est bien moins présent que les traductions que tu cites, heureusement.

Pourquoi pas " Je ne suis, pourtant, jardinier,
(...)
Si mon coeur m'a trompé"

Arf, non, c'est nul. J'y arrive pas. :'(

9. Le mardi 29 mars 2011 à , par Jérémie

Devant témoins, je te confirme ma fierté, en tout cas :)

Pour ce qui est du vers « Je ne suis, pourtant, laboureur », si tu veux éviter l'appui sur le « ne », je propose « Moi, je n'suis pas laboureur » ou une variante de ce genre, telle « Moi, je suis pas laboureur ».

On peut justifier ainsi, par exemple :
- le « Moi, je » colle bien à la redondance/insistance introduite par le „ja auch‟ ;
- le « je n'suis pas » ou « je suis pas » se défend dans la mesure où le texte d'origine me semble employé un registre proche (par exemple „stehen‟ en deux syllabes devient le „stehn‟ bouffé en une syllabe).

En ce qui concerne LilyPond, je voulais signaler que la documentation française s'est beaucoup améliorée récemment, et sans doute n'était-elle pas encore d'un grand secours quand tu as fait tes tentatives précédentes. Enfin, pour ce qui est de l'accompagnement (voir même de la mélodie), pas besoin de tout retaper, puisque ceux-ci sont disponibles en MusicXML (or LilyPond est capable de convertir du MusicXML en son propre format, qui peut ensuite être édité/retouché à la main) :

http://icking-music-archive.org/ByComposer/Schubert.php#D795

Mais encore une fois bravo !!

10. Le mardi 29 mars 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Morloch !

Je partage tout à fait ta réserve sur "laboureur". J'ai employé le terme au sens le plus large, celui qui travaille la terre. Il ne devrait pas être trop compliqué de trouver une rime avec un adjecté ou un participe passé en [yé], et à ce compte-là, la version alternative est facile à écrire.
Mais jardinier, pour moi, ça évoque au lecteur du XXIe siècle l'idée d'un aimable bricoleur, de quelqu'un d'un peu précieux, alors que je sentais une implication plus totale dans "laboureur". Cela dit, comme notre chemineau devenu meunier n'est pas un homme spécialement raffiné, on peut lire "je ne suis pas jardinier" de la même façon que "je ne suis pas poète" : pas tant un métier qu'il n'a pas acquis qu'une tournure que sa personnalité n'a jamais eue.

Effectivement, ton alternative se défend, je vais voir si je peux trouver une rime convaincante. Le "jardinier" ne me séduit pas complètement, mais il faut bien convenir que c'est beaucoup plus exact.

Mais c'est étonnant de voir à quel point une traduction modifie l'impression d'un poème. Comme tu le dis, on a le sentiment de se retrouver dans l'univers de la mélodie francaise via le simple passage à une autre langue. Mais je te rassure, c'est bien moins présent que les traductions que tu cites, heureusement.

Ca dépend aussi des poèmes et des traductions, en effet. Dans "A la veillée", je crois qu'on reste dans un esprit beaucoup plus proche du lied que de la mélodie dans le résultat final (ce quasi-sillabando...). Mais dans d'autres, comme "Salut du matin", oui, ça devient presque du Bizet...

11. Le mardi 29 mars 2011 à , par DavidLeMarrec

(re)Bonjour Jérémie !

Pour ce qui est du vers « Je ne suis, pourtant, laboureur », si tu veux éviter l'appui sur le « ne », je propose « Moi, je n'suis pas laboureur » ou une variante de ce genre, telle « Moi, je suis pas laboureur ».

On ne peut pas supprimer ainsi la négation pour une oeuvre de cette époque et de ce registre de langue. Après, il est possible de dédoubler une note, mais c'est finalement plus efficace si on le fait sur l'anacrouse qu'au milieu de la mélodie, à mon sens.
Par ailleurs, le "moi" a quelque chose d'un peu égotiste qui ne cadre pas vraiment avec la timidité du chemineau looser.

C'est toujours compliqué de changer un texte de ce genre à la marge : vous avez raison dans vos remarques de détail, et pourtant, si on modifiait, ça changerait la couleur du poème, et pas forcément en mieux, il me semble.

- le « je n'suis pas » ou « je suis pas » se défend dans la mesure où le texte d'origine me semble employé un registre proche (par exemple „stehen‟ en deux syllabes devient le „stehn‟ bouffé en une syllabe).

Ca, ça se fait en poésie. La langue du meunier est sobre, mais pas relâchée. Elle est censée évoquer une langue relâchée (les invectives au chasseur, très concrètes), mais elle ne l'est pas.

En ce qui concerne LilyPond, je voulais signaler que la documentation française s'est beaucoup améliorée récemment, et sans doute n'était-elle pas encore d'un grand secours quand tu as fait tes tentatives précédentes.

La question était surtout une question de méthode : j'avais voulu m'y plonger en retravaillant des documents existants (même simplissimes comme le document de test !), alors que cette fois-ci j'étais parti de la documentation. Je n'ai pas rencontré de difficultés particulières pour les parties qui n'étaient pas traduites. Mais effectivement, la documentation française est d'excellente qualité.

Enfin, pour ce qui est de l'accompagnement (voir même de la mélodie), pas besoin de tout retaper, puisque ceux-ci sont disponibles en MusicXML (or LilyPond est capable de convertir du MusicXML en son propre format, qui peut ensuite être édité/retouché à la main) :

http://icking-music-archive.org/ByComposer/Schubert.php#D795


Fabuleux, merci beaucoup, c'était exactement ce que je souhaitais... Ce devrait aller immensément plus vite puisque je n'aurai qu'à retoucher la mélodie... Et ce sera directement exploitable sur mon piano (à l'heure actuelle, ce n'est pas totalement pratique).

Je ne pensais pas que LilyPond ait ce genre de superpouvoirs, c'est encore plus génial qu'il n'y paraît, en fait !

12. Le mardi 29 mars 2011 à , par Morloch

Je veux bien paysagiste-arboriculteur qu'on fait rimer avec "mon coeur est-il menteur ?" mais j'ai peur que ce soit un peu anachronique, et surtout que tu ronchonne sur le nombre de pieds :-)

13. Le mercredi 30 mars 2011 à , par Morloch

ronchonnes. J'ai du mal à me faire à ce clavier qwerty, il démultiplie mes erreurs.

14. Le mercredi 30 mars 2011 à , par DavidLeMarrec

Oh, pour arboriculteur, il suffirait de dédoubler une croche quelque part... en fait, ça ne me dérange pas plus que jardinier, pour le côté concret. :)

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