Ernest Reyer - SIGURD - Enregistrement complet du grand air de Brunehild (première mondiale)
Par DavidLeMarrec, mercredi 12 janvier 2011 à :: Sigurd d'Ernest Reyer - Lutin Chamber Orchestra :: #1652 :: rss
Cet air est ici pour la première fois joué sans coupures. (Vidéo et texte suivent.)
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1. Impact
Cet air de Sigurd a été quelquefois enregistré (notamment brillamment par Marjorie Lawrence, même si le style est logiquement assez vaillant), mais toujours coupé de moitié ! Sans récitatif introductif, sans la prière centrale à Odin, sans la répétition de "Quel trait inexorable brûle mon coeur blessé".
Outre qu'il est magnifique dans son ensemble, on perd la clef fondamentale du drame, et il est donc absurde qu'il soit systématiquement coupé lorsque l'oeuvre est donnée sur scène ou enregistrée au disque.
En effet, dans sa prière à Odin, Brunehild révèle plusieurs pivots fondamentaux :
- C'est grâce à l'aide de la walkyrie que Sigurd à triomphé pour protéger Hilda (dont le récit à l'acte I est toujours coupé en partie...). C'est donc grâce à Brunehild que Hilda peut s'éprendre du héros et devenir sa rivale.
- Brunehild précise aussi qu'elle a ainsi agi contre l'avis d'Odin - elle était donc éprise de Sigurd bien avant le réveil sur le rocher.
- La prière de Brunehild contient aussi une supplique à Odin, qui la punit non seulement en la rendant mortelle, mais en l'attachant à Sigurd, qui est pourtant marié et inaccessible.
L'ensemble du drame serait donc ourdi par Odin pour punir Brunehild la rebelle, à cause de l'intervention de la walkyrie qui a elle-même fait naître sa rivale !
On perd ainsi énormément de sens en supprimant seulement cinq minutes de musique...
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2. Vidéo
Précision d'usage : document amateur aussi bien pour la prise de son que pour l'exécution. Je fais simultanément le piano et la partie de soprano, on pourra donc toujours faire des reproches d'exactitude si on ouvre la partition. Il s'agit essentiellement de donner l'accès à un répertoire qui n'est pas enregistré (même pas des bandes radio sous le manteau, rien).
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3. Prolongements
Quelques autres Reyer rares se trouvent sur mon compte YouTube :
- Salammbô 1 : http://www.youtube.com/watch?v=xGxd5ZRcx2Q
- Salammbô 2 : http://www.youtube.com/watch?v=k6jaCpuiMJ4
- Sigurd, duo inédit à la fin du dernier acte : http://www.youtube.com/watch?v=_78rkEDq6g8 et sa notule
- Sigurd, duo du désevoûtement : par Günter Neuhold / Philharmonique de Montpellier / Valérie Millot / Chris Merritt : http://www.youtube.com/watch?v=-xZLtFX2MSY
Tous mes commentaires autour de Reyer (notamment, dans les plus anciens, les coupures dans Sigurd) : http://operacritiques.free.fr/css/index.php?Sigurd-d-ernest-reyer.
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4. Livret
Texte :
ACTE IV
[Au piano, fin de la musique du choeur des servantes de Gunther, venues bavarder en puisant de l'eau.]
RECITATIF
Mes filles, menez-moi vers cette source pure,
Qui dort sous l'épaisse ramure.[Autre thème des servantes.]
Ah ! Que ne puis-je errer au sein des bois épais
Sur les monts couronnés par la neige éclatante !
La lumière me brûle, et l'ombre m'épouvante...
Où mon coeur éperdu trouvera-t-il la paix ?[Solo de violoncelle.]
Eh quoi ! de ma vaine parure
Vous voulez encore prendre soin ?
Eloignez vous, je ne veux pour témoin
De mes pleurs que cet antre où l'eau pleure et murmure.[Les servantes chantent, au piano seul, en reprenant le choeur qui précédait :
Ah ! Que notre tâche est légère !
Nous passons sur cette terre
Sans souffrir les maux de ceux
Que pourtant on nomme heureux !]AIR
(Andante maestoso)
O palais radieux de la voûte étoilée !
O demeures du ciel dont je suis exilée !
Astres qui nous versez vos rayons purs et doux,
Je n'ose plus - hélas - lever les yeux vers vous.[DEBUT DE LA PARTIE TOUJOURS COUPEE]
(Allegro)
Un trait inexorable brûle mon coeur blessé !
Un poison redoutable dans mes os a glissé !
Haletante, égarée,
De douleur enivrée,
Je tends les bras vers toi,
Sigurd ! Sigurd ! Honte mortelle !
Prends-moi, nuit éternelle !
O terre, engloutis-moi !Odin, je fus coupable en bravant ta défense
Quand malgré toi au combat je volai !
Quand je m'enfuis du ciel et m'armai de la lance
Pour secourir Sigurd par le nombre accablé !(Andante mosso)
Mais considère en ta justice
Ma faute auprès de mon supplice !(Allegro)
O dieu cruel, tu m'as livrée au roi Gunther,
En donnant à Sigurd mon âme tout entière !
Et tu déchires mon coeur fier
Par les honteux tourments de l'amour adultère !(Andante)
Pitié ! Lance sur moi la foudre qui dévore !
Pitié, je suis déesse et ne puis que par toi
Rentrer au néant que j'implore !
Pitié, grand dieu !
Voeux impuissants, hélas,
Le feu du ciel sur moi ne tombe pas.[FIN DE LA PARTIE TOUJOURS COUPEE]
(Allegro)
Grand dieu ! Grand dieu !Quel trait inexorable brûle mon coeur blessé,
Quel poison redoutable dans mes os a glissé ?
Haletante, égarée,
De douleur enivrée,
Je tends les bras vers toi,
Sigurd ! Sigurd ! Honte mortelle !
Prends-moi, nuit éternelle !
O terre, engloutis-moi !Grand dieu, cruel témoin du destin qui m'accable !
Détourne de mon front ta colère implacable !
Il manque donc une large moitié de l'air... et de quelle beauté !
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