Petits conseils pratiques - aux chanteurs débutants et aux étudiants en chant
Par DavidLeMarrec, dimanche 5 décembre 2010 à :: Pédagogique - Glottologie :: #1632 :: rss
1. Pourquoi ce guide ?
Le chant a la particularité évidente d'être un instrument intégré au corps humain. Ce faisant, il ne peut être contrôlé visuellement comme toute autre pratique instrumentale. Et il pose donc des difficultés de perception et d'action sur ses mécanismes au chanteur débutant.
C'est pourquoi on se propose ici d'énoncer un petit vade mecum à destination du chanteur débutant, avec quelques conseils qui nous paraissent salutaires pour éviter les erreurs.
2. Préalable en forme d'avertissement
Tout ce qui est dit et écrit sur le chant l'est souvent sous la forme de vérités intangibles, partagées très honnêtement par celui qui les énonce, comme on le ferait pour un article de Foi. Il faut donc se défier de tout ce qui prétend résoudre tous les problèmes ou s'appliquer à tous les chanteurs. Il y a beaucoup de façons d'émettre un son correct, même à l'intérieur de la seule tradition opératique (qui se prétend très souvent supérieure aux autres, mais cet axiome est amplement discutable).
Ainsi, on va se limiter ici à donner des pistes de choses à éviter et de choses à faire, sans chercher à vendre une technique ou une vérité - que chacun recherchera ensuite selon sa physiologie, son tempérament, ses objectifs de répertoire, l'offre de cours de son secteur...
Ce sont de toute façon essentiellement des conseils issus d'observations empiriques qui se révèlent tout simplement de l'ordre du bon sens... mais qui ne sont pas souvent énoncés avant la prise de cours...
De surcroît, il est prudent, comme pour n'importe quelle autre source, d'appliquer cette défiance raisonnable aux préceptes mêmes qui seront proposés sur cette page. Et c'est bien ce qui est difficile en chant : on ne peut pas faire confiance à ses perceptions, mais on ne peut pas non plus faire (pleinement) confiance aux autres...
3. Puis-je travailler seul ma voix ?
Il est tout d'abord très fortement déconseillé d'apprendre seul. Il se trouve que les lutins sont totalement autodidactes (réellement : jamais aucun cours), mais c'était avec une assez ancienne fréquentation critique des enregistrements lyriques, des lectures de commentaires sur les techniques qui y sont utilisées, etc. Par ailleurs, la technique développée répondait à un besoin précis (lied et baroque français en particulier) qui ne nécessite pas la construction d'une grande machinerie très sonore. Pas sûr qu'on puisse faire aisément de même pour bâtir une voix wagnérienne opérationnelle dans de grandes salles.
C'est un chemin difficile et hasardeux, qui peut toujours être tenté lorsqu'on ne fait confiance à aucun professeur, mais qui ne peut échapper à la catastrophe qu'à condition d'avoir déjà une culture auditive de ce qu'est le son d'opéra émis sainement.
Bref, à moins d'avoir des exigences très précises ou d'habiter dans un lieu reculé où sévit un seul briseur de voix, prenez un professeur.
4. Ma voix est-elle exploitable à l'Opéra ?
Oui. Toutes les voix, même laides et microscopiques, peuvent devenir belles et bien projetées, avec parfois un timbre très différent de la voix parlée. Non pas qu'on puisse obtenir n'importe quelle voix avec chaque individu, mais les possibles sont larges (et généralement surtout limités par le choix initial du professeur...).
En revanche, les voix ont des limites naturelles :
- Leur hauteur et leur étendue ne peuvent pas être complètement modifiées. On ne choisit pas d'être basse profonde plutôt que ténor léger, par exemple.
- Leur caractère et leur volume sonore sont limités - typiquement, les grandes voix pour les répertoires les plus lourds sont souvent émises avec de grands résonateurs, c'est-à -dire qu'il est rare d'être capable de chanter Wagner si l'on fait moins d'1m65 et de 60 kilos (ou inversement d'avoir les aigus de la Reine de la Nuit en mesurant 1m85 pour 90 kilos).
- Certaines habitudes de phonation et certaines caractéristiques physiologiques aident certaines voix, à travail égal, de produire des résultats bien plus probants. Il ne faut pas en déduire pour autant que parce qu'on a une voix à construire, on n'est bon à rien ; mais que certains organes soient plus prédisposés au chant lyrique, c'est un fait généralement partagé.
Si l'on ne cherche pas à outrepasser ces limites, tout est possible en réalité, selon le type de technique que l'on choisit d'adopter. C'est bien pour cela que le choix d'un professeur ne peut pas se faire à la légère : il oriente à la fois votre couleur vocale, vos aptitudes techniques et stylistiques, votre répertoire. Il vous ouvre des portes et vous en ferme d'autres.
5. Comment trouver un bon professeur ?
C'est la grande question. Mais un peu de méthode permet d'éviter quelques écueils.
=> Contrairement aux autres instruments, l'institution n'est absolument pas une garantie de qualité. Des professeurs de conservatoires réputés peuvent être catastrophiques tandis que des professeurs d'école de musique ou en cours particuliers peuvent être excellentissimes.
Ce n'est donc pas le critère discriminant, à part pour des raisons de carrière (le diplôme) ou de prix (les cours particuliers sont évidemment chers).
=> Il faut d'abord se demander ce que l'on veut chanter et dans quel contexte. Lully, Vivaldi, Bellini, Verdi, Wagner, le lied, la mélodie ? Le choix du professeur ne sera pas le même selon qu'on désire avoir un legato parfait ou une diction incisive, un timbre radieux ou une puissance dévastatrice.
Même chose, si l'on n'a pas d'ambition professionnelle, on peut se contenter d'une voix pas surpuissante pour chanter le grand répertoire dans son salon ou de petites églises. Il ne faut pas faire le même choix si l'on rêve de saturer Bastille.
=> Une démarche intéressante est de cibler des interprètes que l'on aime (si possible qui ont une bonne technique aussi !) et de faire quelques recherches sur leurs professeurs, de façon à voir chez qui ils ont acquis ce que l'on aime chez eux, cette conduite de ligne impeccable, cette diction merveilleuse, cette richesse de timbre ou cette franchise d'émission...
=> Dans le doute, il est peut-être (mais c'est purement une hypothèse personnelle) plus prudent d'aller voir un baroqueux (école française en particulier), qui posera quelques bases en respectant l'instrument et sans brusquer la voix, quitte à ensuite chercher quelqu'un d'autre pour amplifier le volume. On voit tellement de voix presque irrémédiablement grossies, tubées, blanchies, opacifiées...
=> Quasiment tous les professeurs se revendiquent de "l'authentique technique italienne". Dans la plupart des cas, si certaines bases sont communes, on reste assez loin de cette fameuse chimère (il existait de toute façon des techniques extrêmement disparates en Italie à l'époque du supposé Age d'Or...) et c'est purement un argument commercial. Se fier donc uniquement à son objectif de départ (qu'est-ce que je veux chanter et comment ?), et pas aux promesses de filiation, à part si ce professeur a réellement été durablement l'élève d'un autre professeur important.
6. Quels sont les préalables avant un premier cours de chant ?
Le cours de chant est un exercice difficile. Au début de l'apprentissage, l'instrument varie énormément selon les agressions extérieures (temps de sommeil, temps de parole dans la journée, stress, composition du dernier repas, taux d'humidité...).
Quelques conseils pour en tirer parti.
=> Les chanteurs professionnels et les professeurs ne sont pas toujours cultivés sur leur art. Avoir une solide culture du chant lyrique (répertoire, techniques) et avoir une idée de ce qu'est une émission saine est très fortement conseillé pour ne pas se perdre. Car le professeur peut donner de mauvais conseils, ou fournir des images maladroites, ou d'excellents conseils appliqués de travers par son élève.
Il faut donc à la fois être suffisamment confiant pour suivre la route qu'il trace et suffisamment informé et critique pour ne pas croire que ce qu'il est dit est forcément la meilleure chose possible. Les chanteurs qui vénèrent leur professeur de chant sont rarement excellents. Et tous ceux qui ont un peu l'ambition de progresser en changent plusieurs fois...
Il serait peut-être même judicieux d'apprendre d'abord à écouter, de se faire une culture "vocale" avant que de pratiquer, quitte à repousser d'un an ou deux ses débuts.
=> Dans le même ordre d'idée, s'enregistrer très régulièrement (un micro à 5€ branché sur un PC suffit). L'idéal est même de s'enregistrer tout le temps, pour évaluer ou retrouver quelque chose qu'on a produit pour la première fois. Et cela évite la tension lorsqu'on branche exceptionnellement l'enregistreur.
On peut ainsi observer les évolutions positives ou négatives, effectuer des vérifications, retrouver des sensations. Et surtout juger de ce que l'on fait. L'enregistrement est impitoyable, et fait très mal à l'amour-propre la première fois. Mais il est le retour le plus lucide que vous puissiez avoir sur votre propre voix. Il y a certains paramètres, notamment la présence vocale (en particulier pour les voix de basse) qui ne sont pas restitués par le micro, mais l'essentiel (à commencer par le timbre et la justesse) est tout à fait audible.
On voit donc l'intérêt de disposer d'une culture du chant lyrique avant les cours, de façon à pouvoir se juger comme on jugerait un autre interprète, et à ne pas se laisser tromper par ses propres artifices.
=> Ne jamais essayer d'imiter un chanteur, d'enrichir ses sons ou de trafiquer sa voix : il est plus raisonnable de chanter en "voix naturelle" au début, comme de la chansonnette, proche de sa voix parlée, et laisser le professeur guider, plutôt que de vouloir "faire opéra" en tubant et engorgeant, si bien qu'on prendra de mauvaises habitudes difficiles à corriger malgré toute la bonne volonté de votre formateur.
C'est un défaut très commun que les professeurs ne demandent pas toujours à leurs élèves d'éviter : il y a une forme de pudeur à vouloir "faire opéra" dès le début - ce qui ne sert absolument à rien.
Quant à l'imitation d'un chanteur célèbre, elle peut être intéressante ponctuellement, munie d'un micro, pour essayer d'identifier ses "trucs". C'est la plupart du temps voué à l'échec, mais ce peut permettre de trouver des choses intéressantes chez soi. Mais ce doit rester un exercice de découverte, comme l'enfant qui fait des glossolalies, et surtout pas une voie de travail.
=> Plus pratique, une douche pour purifier les sinus et assouplir les muqueuses, ou un plat un peu gras (un peu de pâté ou de thon à l'huile sur deux tranches de pain font l'affaire), en évitant les mets acides ou sucrés, permettent au débutant de sentir son organe plus souple et libre. Ce genre de précaution devient inutile avec la technique, mais se révèle très rassurant lorsque l'élève est encore hésitant.
=> Avant de devoir prendre un cours ou chanter devant un public, chantez un peu la veille et chantez un peu le jour même, quelques heures plus tôt. Le fait d'être chauffé va permettre à l'instrument de répondre correctement aux sollicitations, plus efficacement que si vous ne vous chauffez qu'au moment de la séance.
=> N'essayez pas de chanter dans les heures qui suivent le réveil, ça ne fonctionne pas.
=> Demandez à votre professeur de ne chanter que dans des langues que vous maîtrisez parfaitement, à un niveau de natif. L'anglais (langue très "vocalique", souple et en arrière) et même le français (grâce aux nasales) sont particulièrement recommandables pour placer une voix.
L'immense majorité des professeurs imposent à leurs élèves des morceaux dans des langues que ceux-ci ne maîtrisent pas. Il faut absolument demander à travailler dans sa langue, quitte à chanter le même morceau en récupérant une vieille version traduite ou en bidouillant soi-même une traduction (voire en demandant ici même...) : on ne peut pas placer de façon stable les voyelles et l'articulation d'une langue qu'on ne maîtrise pas. C'est une absurdité du système à laquelle les professeurs ne sont pas très sensibilisés ; il n'y a pas de raison en revanche qu'ils s'opposent, pour la plupart, à une version traduite de leur morceau.
Plus tard, vous pourrez chanter dans des langues que vous maîtrisez moyennement (pas en-dessous, sinon c'est forcément moche), mais pour trouver ses repères, attendez un peu avant de chanter Mozart en allemand et Verdi en italien. On peut admettre une tolérance pour l'anglais, puisque son placement est assez confortable et conforme aux besoins du chanteur.
7. Quelles sont les bases à acquérir en priorité ?
Tout dépend évidemment de la méthode. Mais au cours des premiers mois (disons les deux premières années), vous devez acquérir plusieurs choses. La plupart des professeurs utilisent des images, qui peuvent être plus ou moins fluctuantes et interprétées assez différemment, n'hésitez pas à demander un peu de détail sur les données physiologiques en jeu, ce peut permettre d'avoir des repères plus stables.
=> Avant toute chose, chantez détendu. La tonicité est ensuite nécessaire, mais le préalable est toujours la détente, et tout le monde est d'accord sur ce point. Vous ne devez ressentir ni solliciter aucune constriction, aucun resserrement, aucune dureté dans votre acte phonatoire. Si vous chantez totalement détendu, même sans technique, la voix sonnera déjà agréable. Peut-être minuscule, instable, fausse... mais c'est déjà là le premier pas, qui conditionne tous les autres. Vous pouvez aussi vous accompagner de gestes souples en chantant, pour ne pas vous rigidifier. D'où le conseil de marcher un peu avant de pratiquer, pour bien détendre le corps.
=> Maîtrise du souffle. On parle du soutien du son. La respiration abdominale (le ventre se gonfle sans forcer et les épaules ne montent pas à l'inspiration, puis le ventre rentre doucement à l'expiration). C'est la respiration du nourrisson et du sommeil, celle qui permet, en "ouvrant" les côtes flottantes, d'avoir une assise pour tenir ses notes sans détimbrer ni détonner.
On peut s'entraîner, dans un premier temps, simplement à cordonner l'inspiration et l'expiration aux mouvements du ventre. C'est un exercice très apaisant de surcroît, utilisé dans les méthodes de relaxation.
=> Flottement du palais mou et relèvement de l'arrière de la langue. La partie mobile du palais doit se soulever (sans obturer les cavités nasales au niveau de la luette) pour créer une cavité de résonance, comme une voûte. Surtout, l'arrière de la langue qui obstrue la gorge doit se relever pour faire passer et résonner le son. C'est ce que veulent atteindre les professeurs en parlant de "patate chaude" ou de "balle de ping-pong" au fond de la bouche. La dernière image n'est pas mauvaise du tout.
De façon pratique, pour y arriver, n'hésitez pas à articuler votre son (je dirais même, pour que ce soit naturel, votre mot), de façon détendue, sans hésiter à bien ouvrir la bouche (le menton se décroche un peu vers le bas). Cela permet de libérer l'arrière de la bouche, de détendre les muscles et d'obtenir cet arrondissement. Vous pourriez penser par exemple à imiter les orateurs d'autrefois, avec leurs trémolos dans la voix, qui chantent presque en parlant : c'est ce placement qui change tout. [Précisons qu'il y a plusieurs écoles sur l'ouverture de la bouche, donc qu'on pourra vous dire des choses plus radicales ou tout à fait contraires, sans que ce soit forcément mauvais pour vous.]
=> Penser la verticalité du son. Pour bien résonner, le son doit passer vers les cavités nasales (sans pour autant sonner "nasal") avec l'ouverture de la luette, aussi penser le son comme partant depuis le bas du corps vers l'arrière du crâne peut aider à trouver un bon placement. Il y a des tas d'autres astuces et écoles, c'en est une facilement opérante pour le débutant, mais si votre professeur vous propose autre chose, il n'y a pas d'objection.
Les francophones peuvent s'appuyer sur le placement de leurs voyelles nasales pour sentir ce qui doit se passer sur toutes les voyelles.
=> Vous serez amené aussi à trouver la façon saine et efficace d'émettre chaque voyelle, qui ne sera pas forcément (et même probablement pas, sauf exception) celle que vous utilisez pour parler dans la vie de tous les jours. Prêtez bien attention aux configurations qui fonctionnent quand vous les rencontrez dans votre travail (émission aisée, belle couleur à l'écoute), c'est cela qui va vous permettre de bien chanter.
Par exemple, prononcer les [è] en s'appuyant sur le palais (quasiment [èy]) permet de les passer avec beaucoup de facilité, et l'effet n'en est pas vilain du tout. Tout simplement parce qu'ainsi vous localisez le [è] à l'endroit de la bouche où le rendement est bon...
Vous verrez aussi qu'il y a de multiples façon (pas toutes satisfaisantes) de négocier la voyelle difficile qu'est le [i].
Et évidemment ces choix de voyelles dépendent du degré de couverture de votre voix, du choix de répertoire, de la tradition vocale dans laquelle s'inscrit votre professeur. Ici encore, de multiples solutions, dont certaines ne sont pas très probantes, mais dont plusieurs sont différentes et pourtant valables !
=> Pour obtenir tout cela, en plus d'imiter les orateurs des temps anciens, vous pouvez aussi chanter comme si vous vous énerviez de façon exaltée : cela sollicite spontanément le soutien et aide à trouver les bons résonateurs, du moins en partie. C'est un chant un peu par à -coups, que vous pourriez essayer sur un récitatif un peu énervé, mais cela permet au début, à défaut de travailler son legato, de se découvrir des notes aiguës et de timbrer correctement des valeurs courtes. Souvent un bon point de départ.
=> Au début, il est sans doute souhaitable de privilégier la "connection" et l'harmonie détendue avec l'instrument, quitte à perdre en volume (et quitte à ne pas chanter trop haut dans la tessiture, dans un premier temps). Tant que le souffle et le soutien ne sont pas vigoureux, et que les résonateurs ne sont pas sollicités de façon sonore, il est plus raisonnable de chanter doucement avec son instrument, de façon à conserver le timbre et le positionnement sur le souffle. De cette façon, vous pouvez obtenir un beau timbre dès le début, et progressivement, au fil de l'amélioration de votre soutien, l'amplifier, sans le dénaturer : double garantie d'une voix agréable et d'une absence de forçage à toutes les étapes. [Evidemment, suivant le répertoire que vous visez, ce précepte qui fonctionnera très bien pour le baroque ou la mélodie sera insuffisant pour Wagner ou même Verdi.]
D'une manière générale, même accompagné par un instrument ou des instruments sonores, ne cherchez pas à chanter fort : avec la technique, le chant puissant se fait sans effort : si vous forcez pour chanter fort, c'est que vous chantez mal.
=> Demander à son professeur de travailler la voix mixte peut être un choix judicieux (s'il en est capable, ce qui n'est pas toujours le cas), puisque cela permet une plus grande facilité et clarté d'émission, et surtout facilite l'adaptation à de nombreux répertoires.
Par ce biais, on évite également de forcer et de se blesser, en travaillant en harmonie avec ses moyens et son instrument.
=> D'autres paramètres, comme la position des lèvres (en trompette ou libres) ou le décrochage de la mâchoire dans l'aigu (sans jamais pousser en avant le menton, mais certains le recommandent comme préalable et d'autres le limitent... chacun avec des exemples de bons résultats) dépendent intimement de la tradition de chant à laquelle vous vous conformerez. Il y a beaucoup de conseils sur ces questions, mais rien d'impératif en réalité.
8. Comment surveiller mes progrès ?
Quelques préceptes simples.
=> Vous enregistrer très souvent, on insiste. Ainsi vous pouvez comparer ce que vous dit votre professeur, ce que vous appliquez, et ce que cela produit. Songez bien que vous ne pouvez pas entendre votre propre voix à moins de vous enregistrer. Plus vous y serez habitué, plus vous pourrez observer votre évolution de façon pertinente.
Pour éviter les surprises, faites vos prises autant que possible dans les mêmes lieux, avec la même position de micro (trop près ne permet pas de saisir la projection, trop loin gomme les défauts), et en les écoutant sur le même système de restitution. Sinon, on peut être victime d'illusions.
=> Sur ces enregistrements, surveillez en particulier le rapport timbre / fatigue. Vous devez obtenir un timbre agréable, sans sonorités parasites, et sans fatiguer. Certaines positions confortables sont moches à l'écoute, et certains effets agréables à l'oreille peuvent masquer des forçages.
=> Plus tard, vous pourrez vérifier à partir de vos sensations corporelles, mais ici aussi, pas de règles générales : selon la façon dont vous émettez, vous pouvez avoir une sensation de pureté ou au contraire de richesse du son...
9. Suggérez-vous des exercices ?
Pas vraiment. A titre personnel, les lutins espiègles de CSS n'ont jamais pratiqué la moindre vocalise à des fins de travail. C'est un choix tout à fait individuel, qui puise sa source dans diverses raisons qui n'ont absolument rien d'universel. Absolument tous les professeurs donneront des vocalises à exécuter, et si le Vaccai est un grand classique sans risques, d'autres pourront donner des exercices inspirés de Richard Miller (la référence syncrétique du chant international façon années 70-90, mais qui a produit, correctement appliquée, de grands résultats).
La plupart des chanteurs s'accordent pour donner au moïto une place particulière : il s'agit de chanter bouche fermée sur le [ng] de "sing", puis d'ouvrir la bouche et de travailler ses voyelles dans la même configurations. L'exercice a pour simple but de travailler le placement de la voix dans les cavités nasales et les os de la face. C'est en principe très efficace.
En ce qui nous concerne, pas d'exercices, mais quelques diverses astuces :
=> Le récitatif est plus facile à chanter et permet de découvrir des choses. Le chanter de façon exalté, un peu comme si on se mettait en colère, peut révéler la connection entre le souffle et la parole. Il y en a chez Lully de particulièrement favorables au débutant (ambitus faible) : Epaphus dans Phaëton ou Aronte dans Armide, par exemple. On en trouve aussi un certain nombre chez Meyerbeer.
Chantez-en beaucoup de nouveaux (en français, n'est-ce pas !), et revenez sur ceux avec lesquels vous avez pris de bonnes habitudes, en abandonnant ceux sur lesquels vous en avez de mauvaises.
=> Chanter doucement, souvent, en faisant autre chose, pour essayer de trouver les bons placements. En marchant, en faisant la cuisine... on peut chanter à mi-voix et essayer des configurations vocales, essayer de découvrir son instrument.
Ca paraît un gadget, mais c'est en réalité du temps de gagné.
=> Se rendre de temps à autre en pleine campagne, seul, pour pouvoir chanter librement, sans tension. La crispation est le premier ennemi du chanteur débutant, et l'un des plus redoutables, surtout s'il doit s'entraîner dans des lieux de promiscuité urbaine ou même simplement familiale.
=> Marcher (au moins une demi-heure) avant une séance de chant peut être un bon moyen d'évacuer les crispations. Très efficace pour remettre le corps d'aplomb.
=> S'interroger sur l'émission de ses voyelles, même parlées. Penser à ce que l'on produit en parlant, travailler la déclamation des langues pour pouvoir les aborder de façon naturelle en "mode chanté".
Je suggérais plus haut l'idée d'imiter les orateurs d'autrefois avec leur déclamation presque chantée, leurs trémolos dans la voix : c'est proche des sensations que l'on cherche dans le chant.
Et attention tout de même aux exercices : on peut se faire mal, même avec une simple vocalise. Le respect de l'instrument et l'absence de fatigue sont des préalables indispensables pour travailler le chant, quelle que soit la partie que l'on chante. On peut se faire mal avec une partie très centrale...
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Ces quelques préalables ne vous apprendront pas à chanter, mais ce sont des garde-fous qui, sans prétendre être irréfutables, devraient aider à éviter des erreurs qui entraînent parfois l'abandon des élèves (fatigués vocalement ou lassés de ne pas progresser).
On achève en rappelant nos notules à visée pédagogique autour du chant lyrique, qui éclaireront peut-être certains termes utilisés : http://operacritiques.free.fr/css/index_css.html#pedagogique . Par ailleurs, leur lecture (avec leurs extraits sonores) peut être une aide à l'écoute critique d'enregistrements lyriques, en vue de faire progresser sa propre pratique.
Et encore une fois, soyez friand ET défiant de tout commentaire sur la technique vocale, qu'il provienne de votre professeur, d'un chanteur célèbre, d'un anonyme sur la Toile ou... de CSS.
Commentaires
1. Le lundi 6 décembre 2010 à , par T-A-M de Glédel
2. Le lundi 6 décembre 2010 à , par DavidLeMarrec
3. Le mercredi 8 décembre 2010 à , par Casapazza
4. Le mercredi 8 décembre 2010 à , par DavidLeMarrec
5. Le mercredi 19 janvier 2011 à , par Olivier :: site
6. Le mercredi 19 janvier 2011 à , par DavidLeMarrec
7. Le mardi 29 mars 2011 à , par Voix d'humain
8. Le mardi 29 mars 2011 à , par DavidLeMarrec
9. Le mercredi 30 mars 2011 à , par Voix d'humain
10. Le mercredi 30 mars 2011 à , par DavidLeMarrec
11. Le mercredi 30 mars 2011 à , par Voix d'humain
12. Le mercredi 30 mars 2011 à , par DavidLeMarrec
13. Le mercredi 30 mars 2011 à , par Voix d'humain
14. Le jeudi 31 mars 2011 à , par DavidLeMarrec
15. Le jeudi 19 septembre 2013 à , par HeavenPiece
16. Le jeudi 19 septembre 2013 à , par HeavenPiece
17. Le dimanche 5 octobre 2014 à , par littlewing
18. Le dimanche 5 octobre 2014 à , par David Le Marrec
19. Le samedi 1 novembre 2014 à , par Julia B
20. Le dimanche 2 novembre 2014 à , par Sandrine
21. Le dimanche 2 novembre 2014 à , par David Le Marrec
22. Le lundi 3 novembre 2014 à , par Sandrine
23. Le lundi 3 novembre 2014 à , par Julia B
24. Le lundi 3 novembre 2014 à , par Sandrine
25. Le lundi 3 novembre 2014 à , par Julia B
26. Le lundi 3 novembre 2014 à , par Sandrine
27. Le lundi 3 novembre 2014 à , par David Le Marrec
28. Le lundi 3 novembre 2014 à , par David Le Marrec
29. Le lundi 3 novembre 2014 à , par Sandrine
30. Le lundi 3 novembre 2014 à , par Sandrine
31. Le mercredi 5 novembre 2014 à , par Julia B
32. Le mercredi 5 novembre 2014 à , par David Le Marrec
33. Le mercredi 5 novembre 2014 à , par David Le Marrec
34. Le mercredi 5 novembre 2014 à , par Sandrine
35. Le jeudi 6 novembre 2014 à , par David Le Marrec
36. Le jeudi 6 novembre 2014 à , par Sandrine
37. Le jeudi 6 novembre 2014 à , par David Le Marrec
38. Le vendredi 7 novembre 2014 à , par Sandrine
39. Le vendredi 7 novembre 2014 à , par Julia B
40. Le dimanche 9 novembre 2014 à , par DavidLeMarrec
41. Le dimanche 9 novembre 2014 à , par DavidLeMarrec
42. Le lundi 10 novembre 2014 à , par Sandrine
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44. Le mardi 11 novembre 2014 à , par Sandrine
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49. Le mercredi 12 novembre 2014 à , par Sandrine
50. Le jeudi 13 novembre 2014 à , par Julia B
51. Le jeudi 20 novembre 2014 à , par DavidLeMarrec
52. Le jeudi 20 novembre 2014 à , par DavidLeMarrec
53. Le mercredi 15 avril 2015 à , par Sandrine
54. Le mercredi 15 avril 2015 à , par David Le Marrec
55. Le mercredi 13 mai 2015 à , par Julia B
56. Le jeudi 14 mai 2015 à , par David Le Marrec
57. Le jeudi 4 juin 2015 à , par Julia B
58. Le dimanche 7 juin 2015 à , par David Le Marrec
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60. Le lundi 19 octobre 2015 à , par JB
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62. Le vendredi 14 octobre 2016 à , par arthur
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64. Le dimanche 26 mars 2017 à , par Vince D.
65. Le lundi 27 mars 2017 à , par David Le Marrec
66. Le samedi 9 février 2019 à , par Neville
67. Le samedi 9 février 2019 à , par DavidLeMarrec
68. Le lundi 11 février 2019 à , par Neville
69. Le mardi 12 février 2019 à , par DavidLeMarrec
70. Le vendredi 1 mars 2019 à , par Neville
71. Le mercredi 13 mars 2019 à , par Jijiii
72. Le mercredi 13 mars 2019 à , par DavidLeMarrec
73. Le mercredi 4 septembre 2019 à , par Marilys de Lédinghen
74. Le mercredi 4 septembre 2019 à , par DavidLeMarrec
75. Le mercredi 9 octobre 2019 à , par Une soprano
76. Le vendredi 11 octobre 2019 à , par DavidLeMarrec
77. Le vendredi 21 août 2020 à , par Winy Woke
78. Le dimanche 23 août 2020 à , par DavidLeMarrec
79. Le samedi 5 septembre 2020 à , par winy woke
80. Le dimanche 6 septembre 2020 à , par DavidLeMarrec
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