'A travers Clara' - Orianne Moretti joue et chante Wieck
Par DavidLeMarrec, dimanche 30 mai 2010 à :: Clara Wieck-Schumann - Saison 2009-2010 :: #1547 :: rss
A l'Archipel (petit théâtre Boulevard de Strasbourg dont on a mainte fois vanté la programmation), pour deux soirées (4 et 5 mai 2010), un spectacle original fondé sur un concept assez opérant : Orianne Moretti, au gré de lettres choisies parmi la correspondance des époux Schumann, retrace leur existence commune.
Au fil de ces lettres, qu'elle récite ou lit en diverses attitudes, des évocations musicales font écho au texte.
Quelques pièces de Clara et de Robert sont esquissées au piano par Philippe Guilhon-Herbert, mais l'essentiel se situe dans le choix d'une moitié environ des lieder du corpus de Clara.
Il existe bien sûr plusieurs écueils dans ce type de spectacle. Bien sûr la monotonie de la lecture à voix seule de lettres extatiques. Ensuite la gestion de l'alternance entre postures parlées et chantées - un peu d'émotion au début n'empêche pas Orianne Moretti de négocier parfaitement l'aller-retour, pourtant avec une voix parlée un peu soupirée, très différente de son émission vocale. L'harmonisation du texte des mélodies avec celui des lettres. L'atmosphère générale, qui doit éviter le patchwork.
Le résultat ? Cela ne ressemble pas à un récital, l'émotion suscitée par ces lieder isolés est assez différente de celle d'un récital traditionnel. Plus qu'enivré par leur sucession, on est plongé dans un climat général (un peu comme dans une section musicale lors d'une musique de scène ou d'un film) ; et cela fonctionne.
J'ai été frappé aussi par la disparité de l'abord, d'un point de vue technique, de ces mélodies - c'est quelque chose que je ressens aussi en les chantant, elles semblent assez simples à aborder et assez similairement conçues, mais leur exécution réclame en réalité des types de souplesse vocale assez différents. C'est donc manifestement bien une caractéristique profonde de cette écriture, que je mettais jusqu'à présent sur le compte de l'usage d'une voix d'homme pour chanter l'ensemble du corpus.
Et en plusieurs endroits, des moments de grâce, des exécutions que je placerais parmi mes références personnelles. A la fin du récital, en particulier, alors qu'on attendait logiquement (et malicieusement) l'Abschied ("Adieu"), une magnifique contemplation du visage figé de Schumann, qui clôt le parcours tout à fait dans le ton du spectacle, se traduit par un extatique Ihr Bildnis, extraordinairement suspendu et lumineux - une lévitation musicale assez ineffable.
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Le spectacle sera possiblement repris, les lutins vous engagent à tenter l'expérience !
D'autant que, malgré le regain d'intérêt pour Clara Wieck-Schumann ces dernières années, l'entendre en concert de façon abondante reste chose rare. Alors, lorsqu'en plus le résultat est réussi...
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Voir aussi :
- Agenda d'Orianne Moretti.
- Les notules autour de Clara Wieck-Schumann sur CSS.
Commentaires
1. Le samedi 1 janvier 2011 à , par Simon
2. Le dimanche 2 janvier 2011 à , par DavidLeMarrec
3. Le dimanche 2 janvier 2011 à , par Simon
4. Le dimanche 2 janvier 2011 à , par DavidLeMarrec
5. Le vendredi 14 janvier 2011 à , par Simon
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