La figure du blasé
Par DavidLeMarrec, samedi 13 février 2010 à :: Vaste monde et gentils :: #1475 :: rss
Après quelques mois de pratique de la vie culturelle parisienne, je crois voir la lumière sur la figure fameuse du blasé, qui va assister à une centaine de spectacles par an et les trouve toujours mauvais.
Outre le mauvais caractère évident d'un certain nombre d'entre eux, j'y vois plusieurs mécanismes de défense psychologiques face à la frustration :
- Faire la fine bouche sur un détail permet de choisir ses spectacles. Et dénigrer les spectacles sur le principe permet d'évacuer les regrets de ne pas les avoir vus.
- Devant la qualité constante et la pléthore d'offres, la colère contre un spectacle qui ne tient pas ses promesses s'exerce contre la frustration d'en avoir manqué d'autres pour voir celui-là (puisqu'on ne peut pas tous les faire).
- Troisième ressort, le fait de se forcer à voir un spectacle exceptionnel sur le papier alors qu'on est déjà repu et moyennement attiré, ce qui fait moins profiter et éventuellement récriminer contre l'effort inutile.
Et, bien entendu, l'exposition permanente à l'excellence, la possibilité de choisir à volonté peut limiter la curiosité ou aigrir les sens.
Mais je vois bien à présent quels mécanismes subjectifs peuvent se mettre en marche lorsqu'un spectacle qu'on se force à voir pour ne pas regretter de l'avoir manqué prive d'aller en voir d'autres plus exaltants à l'arrivée : cette colère du spectateur frustré, cette indifférence impolie du spectateur blasé.
Ca n'excuse pas la goujaterie lorsqu'elle est présente, mais ça permet de lever le voile sur ce mystère, en ce qui me concerne - nul doute que d'autres l'ont résolu bien avant moi.
Commentaires
1. Le vendredi 19 février 2010 à , par vartan
2. Le vendredi 19 février 2010 à , par DavidLeMarrec
3. Le vendredi 19 février 2010 à , par vartan
4. Le vendredi 19 février 2010 à , par DavidLeMarrec
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