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R. Strauss - Salomé enfant - Opéra Bastille, novembre 2009


1. Programme

(Mercredi 25 novembre.)

Direction musicale : Alain Altinoglu
Orchestre de l’Opéra National de Paris

Mise en scène : Lev Dodin
Décors et costumes : David Borovsky
Lumières : Jean Kalman
Chorégraphie : Jourii Vassilkov
Valerii Galendeev : Collaboration artistique

Salome : Camilla Nylund
Jochanaan : Vincent Le Texier
Herodias : Julia Juon
Herodes : Thomas Moser
Narraboth : Xavier Mas
Page der Herodias : Varduhi Abrahamyan

Erster Jude : Wolfgang Ablinger-Sperrhacke
Zweiter Jude : Eric Huchet
Dritter Jude : Vincent Delhoume
Vierter Jude : Andreas Jäggi
Fünfter Jude : Gregory Reinhart
Erster Soldat : Nicolas Courjal
Zweiter Soldat : Scott Wilde
Erster Nazarener : Nahuel Di Pierro
Zweiter Nazarener : Ugo Rabec
Ein Cappadocier : Antoine Garcin

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2. Situation

Placé dans les tout premiers rangs d'orchestre grâce à un bon plan hasardeux, et heureusement (effectivement Nylund est peu sonore et Altinoglu au contraire assez volumineux).

Mais, de là à Bastille, on sent les voix, et on se plonge de ce fait bien mieux dans le drame (la première fois aussi que je dispose d'un siège, qui sont parfaitement confortables...).

--

3. Oeuvre et mise en scène

Il faut dire que dans Salome, pas un instant de répit musical ou dramatique, tout est terriblement dense ; la traduction de Hedwig Lachmann est très comparable à l'essence du texte original de Wilde, et la musique à la fois exotique, voluptueuse, riche et violente est un sommet de l'histoire musicale, un grand flot de fulgurances ininterrompues.

La mise en scène de Lev Dodin bénéficie d'un bel espace scénique. Escalier à gauche (qui n'est malheureusement employé que pour la danse de Salomé), fenêtre à droite (d'où les Cinq Juifs contemplent, horrifiés et vindicatifs, les blasphèmes d'Hérode) ; au fond des cyprès ou des pics montagneux qui évoquent de très près les peintures mythologiques de Gustave Moreau - le procédé d'emprunt aux peintres est souvent heureux, il suffit de considérer l'usage de Böcklin par Richard Peduzzi pour le Ring de Patrice Chéreau à Bayreuth.

Derrière ces formes fantastiques se tient une lune qui traverse le fond de scène de cour en jardin durant l'intrigue. Ce n'est pas tout à fait un accessoire anodin : tous les personnages lui accordent une grande importance au début, en particulier le page et Salomé. Pour cette dernière, la lune est un symbole de chasteté, et lorsque Salomé contemple Jean-Baptiste, elle se met à clignoter furieusement, comme affolée par des signaux nouveaux qui parviennent à la jeune fille. L'équilibre entre jour et nuit fluctue lui aussi au gré de l'action (l'orangé dans le bleuté du fond de scène croît ou décroît selon le sens des scènes).

La mise en scène, malgré un côté modérément mobile et pas très originale, ménage un certain nombre de ces détails signifiants qui font vraiment plaisir à goûter, qui apportent à la pensée.

Il est un peu dommage que la lecture de Dodin se limite donc, dans sa direction d'acteurs proprement dite, à l'image d'une Salomé enfant qui fait son caprice. Certes, le texte comprend cela, mais de même que Salomé n'est pas une femme aboutie, en faire une enfant capricieuse est altérer sa dimension fondamentalement ambiguë, enfant qui désire, et adulte incapable de supporter la frustration - adolescente pour tout dire. Sa folie aussi se résume à un caprice, fort bien argumenté par Dodin au demeurant, mais qui ne grandit pas tout à fait le mythe. Comme Camilla Nylund incarne à la perfection ces directives, on s'en repaît sans murmurer, mais le metteur a manifesté suffisamment d'idées par ailleurs pour qu'on reste sur sa faim sur ce choix constant, sans réelles ambivalences.

Bref, on est très loin de la catastrophe de la Dame de Pique mais on retrouve peut-être le côté réducteur du concept unique.

Il n'empêche que le résultat est tout à fait délectable, entendons-nous bien.

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4. Interprétation

La direction d'Alain Altinoglu tirait, sans élan irrépressible pourtant, vers le lyrique, ce qui amoindrissait la lisibilité des tuilages de motifs et la subversion musicale qui sont si séduisants ici. Souvent un peu fort aussi par rapport au plateau, et pas toujours nettement détaillé, mais pour ces éléments-ci, le placement tout près de la fosse ne permet pas de rendre justice au véritable effet dans l'ensemble de la salle en termes d'homogénéité et de lisibilité ; par ailleurs on sait que structurellement, à Bastille, l'orchestre est très flatté, particulièrement depuis que la fosse a été rehaussée il y a quelques années.
Mais on n'a pas été bouleversé par ce chef dont on aime beaucoup, par ailleurs, le travail dans l'opéra français.

Thomas Moser (Hérode Antipas), sans doute fatigué, étonne en pensant qu'il parvenait à tenir tête au Philharmonique de Vienne en Tristan : la voix n'est pas sonore du tout.
Julia Juon, excellent souvenir en Kundry, ne m'a pas tellement bouleversé, avec un personnage plus blasé que vénéneux, pas très épais en réalité, mais c'était le choix de la mise en scène et l'ensemble de son incarnation, y compris vocale, s'en est peut-être ressentie.



Conformément à ce qu'on m'avait dit, Vincent Le Texier (Jochanaan), si sobre dans ses rôles bordelais (Jupiter de Platée ou Don Alfonso de Così fan tutte), dispose effectivement d'un gros volume, mais je dois rejoindre à regret ses détracteurs les plus féroces : c'est un chant volumineux mais pas forcément très bien projeté, qui produit des sortes de hurlements rauques dont il est impossible de distinguer la valeur phonologique ni la signification expressive. Le résultat est gros et sonore, mais en permanence identique, et très laid. La vision de Dodin du prophète n'est par ailleurs pas suffisamment élaborée pour qu'il puisse compenser scéniquement, empêtré dans son long manteau blanc, dissimulé par sa barbe, et entravé par la composition d'homme au bord de l'épuisement qui lui est demandée. Bref, en ne conservant que l'hirsute, cette composition vocale ne rend même pas justice à la part la plus superficielle du personnage.

Xavier Mas, Narraboth de haute tenue, montre combien sa voix mozartienne s'est épaissie, dans le meilleur sens du terme, gagnant en substance sans se durcir. C'est une lecture plus vaillante d'amoureuse, mais elle est tout à fait cohérente. Il confirme la belle carrière qui lui est pronostiquée par tous.

Quant à Camilla Nylund, elle avait déçu par une supposée tiédeur ceux qui avaient vu Mattila. Il convient peut-être de remettre l'église au milieu du village. La voix est certes assez peu vaste et surtout très peu percutante, ce qui devait la rendre très peu audible au fond de Bastille.
Mais la tenue en est superbe, dans tous les registres (et les graves qui n'y sont pas sont 'inventés' avec un panache impressionnant), avec en particulier un aigu remarquablement libéré. La technique et le timbre font beaucoup penser au moule finnois de type Mattila, avec cette grande ductilité jusque dans l'ampleur, cette maîtrise du vocabulaire 'grand lyrique' et cette suavité légèrement acidulée du timbre. Néanmoins, on note par moment un vibrato assez ample qui fait penser, pour le coup, à... Gwyneth Jones - c'est-à-dire un vibrato dont l'ambitus approche le demi-ton, même s'il est plus rapide que celui de Jones et moins serré que celui du 'syndrome Tarzan' qu'ont Gabriel Sadé ou Peter Seiffert dans les jours de fatigue. [1] Cela annonce peut-être un vieillissement précoce ou désagréable de la voix, mais pour l'heure, le résultat est magnifique.
Par ailleurs, la conviction de l'artiste est totale, et suscite l'empathie complète. Une grande incarnation, vraiment.

Il faut aussi signaler quelques seconds rôles excellents, à commencer par Wolfgang Ablinger-Sperrhacke en Premier Juif, d'une virtuosité verbale dans un rôle aussi réduit qui est peut-être même l'exploit de la soirée, dans la lignée à la fois scrupuleuse musicalement et extravertie textuellement du Graham Clark des meilleurs jours - et en plus une superbe voix de ténor de caractère bien équilibrée. Andreas Jäggi et Gregory Reinhart en Quatrième et Cinquième Juifs sont aussi de grands luxes.
Et l'on peut aussi saluer la belle présence de Nicolas Courjal (Premier Soldat, déjà extraordinaire en Lamoral d'Arabella dans la mise en scène de Mussbach au Châtelet), de Nahuel Di Pierro (Premier Nazaréen) et dans une moins mesure d'Ugo Rabec (Second Nazaréen).

Et partout de belles voix solides.

Très belle soirée.

Notes

[1] Pas de panique, une notule sur le vibrato et ses secrets est en préparation.


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Commentaires

1. Le mercredi 2 décembre 2009 à , par Simon (Wolfgang)

Bonjour,
j'étais à la dernière représentation hier soir. J'étais placé en fond de 1er balcon, quasiment au centre, surtitrages invisibles.
J'en garde un bon souvenir, dans l'ensemble. Je n'ai pas rencontré de problèmes sonores, tout était bien équilibré entre les voix et l'orchestre. On sentait une vraie maîtrise de l'opéra qui a pu s'élaborer sur un mois de représentations: pas de "fausses notes", une mécanique parfaitement huilée.
Pour ce qui est de la mise en scène, j'ai tout autant aimé. Les jeux de lumières étaient particulièrement intéressant - il eut été facile de tomber dans un cliché vu le ton de l'oeuvre - le jaune, le bleu, le blanc participaient à merveille à restituer une ambiance hypnotique, et la lune y contribuait aussi. Une mise en scène sobre, qui va à l'essentiel - ce qui est particulièrement approprié pour l'oeuvre selon moi.

J'ai beaucoup aimé Nylund et ses magnifiques aiguës, beaucoup moins Le Texier et sa voix caverneuse à l'élocution hasardeuse (il fut pourtant grandement salué par le public).
La direction était intéressante, pas spécialement grandiose, mais encore une fois la mécanique était huilée, sans accroc, il y avait une maîtrise très appréciable de l'oeuvre.
Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé la chorégraphie de la danse des sept voiles, variée, avec un véritable travail de coordination avec la musique, un vrai bonheur.

Remarque à l'intérêt modéré: ne dit-on pas "Iochanaan" plutôt que "Jochanaan"?

2. Le mercredi 2 décembre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Bonjour Simon ! :-)

En fait, les fausses notes sont très rares dans ce type de répertoire, parce qu'il réclame une telle amplitude de moyens chez les interprètes pour pouvoir être interprété correctement qu'il rend impossible de monter une mauvaise représentation (à moins d'une catastrophe informe). Qui plus est, Salome est une oeuvre de répertoire bien connue des musiciens.

Je suis bien content que ça t'ait plu, lorsqu'on débarque de toute façon, on ne peut qu'être enchanté du niveau des spectacles. |:-o

Remarque à l'intérêt modéré: ne dit-on pas "Iochanaan" plutôt que "Jochanaan"?


Oui, on dit 'Yoranahane' ; mais on écrit bien 'Jochanaan'. :)


P.S. : Tant qu'on est dans les Evangiles : n'hésite pas à rentrer à la maison quand tu le souhaiteras, tout le monde t'attend. ;)

3. Le mercredi 2 décembre 2009 à , par Simon

D'accord, en fait je viens de vérifier dans le programme où il y a plusieurs fois écrit Iochanaan, et en particulier, dans le livret, la traduction française de la pièce de Wilde on lit Iochanaan, tandis que dans le texte de Lachmann est noté Jochanaan, ceci explique donc cela.

P.S. : Tant qu'on est dans les Evangiles : n'hésite pas à rentrer à la maison quand tu le souhaiteras, tout le monde t'attend. ;)



Diable, il me faudrait une incommensurable audace pour cela...

4. Le mercredi 2 décembre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Oui, je n'ai pas vérifié dans l'original qui est de toute façon exactement le même texte, d'autant que la langue de Hedwig Lachmann est très proche de l'esprit.


De l'audace, toujours de l'audace, encore de l'audace et AMC est sauvé. €[:o-])

5. Le samedi 5 décembre 2009 à , par Jean-Charles

Si Vincent Le Texier ne trouve même pas grâce chez toi, aïe...

6. Le samedi 5 décembre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Ca veut dire quoi, même chez toi, je n'aime pas ce que ça sous-entend sur mes goûts.

Pourtant, je l'ai écouté avec toute la bienveillance nécessaire, mais j'ai eu beau faire, ça rejoint mes impressions passées, en pire. Parce que si la puissance est réelle (à Bordeaux, il s'adaptait au répertoire et à la salle), c'est tout de même toujours aussi vilain. Autant en s'habituant, on peut vraiment trouver des choses intéressantes dans ses Duparc - le duo avec Delunsch et Kerdoncuff donne vraiment une version originale de ces oeuvres, une fois qu'on s'est plongé dedans, on y trouve énormément d'idées nourrissantes.

Autant là, j'ai beau faire, mais on ne comprenait strictement rien, il n'y avait qu'une seule nuance (double forte), et en plus les phrasés étaient mous, sans relief, on peinait à reconnaître les 'pôles' de ses phrases musicales.

Je suppose, vu la carrière qu'il fait, que ce doit être un chanteur d'une très grande rigueur et d'un contact extrêmement agréable, un type bien et sérieux qui doit être apprécié des directeurs de théâtre.

7. Le samedi 5 décembre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Dans ce répertoire français, même si c'est un peu fruste, c'est quand même maîtrisé et assez inspiré :
http://www.youtube.com/watch?v=a2L7LMbj8a8 . (Golaud)

8. Le dimanche 6 décembre 2009 à , par Jean-Charles

>Ca veut dire quoi, même chez toi, je n'aime pas ce que
>ça sous-entend sur mes goûts.

Je ne pensais pas à un mauvais goût, plutôt à un certain art de défendre des causes perdues. ;-) Ou plus exactement de ta capacité à trouver du positif.

>Je suppose, vu la carrière qu'il fait, que ce doit être
>un chanteur d'une très grande rigueur et d'un contact
>extrêmement agréable, un type bien et sérieux qui doit être
>apprécié des directeurs de théâtre.

C'est la crise et il ne coûte pas très cher. ;-p
Sérieusement, c'est un homme sympathique et qui n'est pas du genre à faire des caprices de star, donc assez docile et fiable. Je crois aussi qu'aucune scène internationale ne se bat pour l'avoir et que Joel, dans sa défense des chanteurs français, a trouvé un alibi peu onéreux.

Quand je pense que certains faisaient la fine bouche sur le Jochanaan de Nikitin ! Allez, je fais amende honorable, j'ai moi-même fait la fine bouche sur son Boris Godounov, que j'avais trouvé bien vert.

>Dans ce répertoire français, même si c'est un peu fruste, c'est
>quand même maîtrisé et assez inspiré :
>http://www.youtube.com/watch?v=a2L7LMbj8a8 . (Golaud)

Oui, c'est très laid, très faux mais on arrive à percevoir des intentions. Et que le Golaud qui n'a pas aboyé lui jette la première pierre.
A vrai dire, je n'ai pas voulu entendre son saint François (radiodiffusé ?), pour moi c'est impensable, et ça n'a rien à voir avec la prétendue irremplaçabilité de de Van Dam.

9. Le dimanche 6 décembre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Je plaisantais bien entendu pour la remarque sur le goût, je voyais bien ce qui était visé. J'assume tout à fait mes déviances de toute façon.

Sérieusement, c'est un homme sympathique et qui n'est pas du genre à faire des caprices de star, donc assez docile et fiable. Je crois aussi qu'aucune scène internationale ne se bat pour l'avoir et que Joel, dans sa défense des chanteurs français, a trouvé un alibi peu onéreux.

Il y a des tas d'autres chanteurs qui sont français, qui sont moins célèbres et qui font moins l'unanimité contre eux, c'est pourquoi la question ne peut pas se résumer, je pense, à un affichage commode.
C'est vrai en revanche qu'il se produit essentiellement en France à ma connaissance - ce qui lui permet d'ailleurs d'avoir une carrière très agréable, il chante beaucoup de répertoires différents.

Quand je pense que certains faisaient la fine bouche sur le Jochanaan de Nikitin ! Allez, je fais amende honorable, j'ai moi-même fait la fine bouche sur son Boris Godounov, que j'avais trouvé bien vert.

Je ne l'ai pas entendu en salle, mais c'est quand même une autre dimension vocale, la voix mord et claque, il y a un texte nettement articulé.

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