CSS au secours des faibles IV
Par DavidLeMarrec, vendredi 19 septembre 2008 à :: Vaste monde et gentils :: #1037 :: rss
Aujourd'hui, un vrai faible : Benedictus sextus decimus.
Etrange débat ces jours-ci au moment de la venue du pape actuel, valable pour ses prédécesseurs et très récurrent en France.
Passons sur la prise de position, tout à fait sujette à discussion, du président français - dont la proclamation urbi et orbi de son allégeance personnelle à une doctrine et surtout à son chef politique peuvent à bon droit laisser perplexe ou irriter (à défaut d'avoir de véritables conséquences en termes politiques).
Sur ce point, le débat, à défaut d'être absolument constructif (on en restera à un constat de désaccord, sur un point de détail), est largement légitime, voire nécessaire.
En revanche, on entend à l'envi deux reproches, formulé par les laïcs, les agnostiques ou les athées, qui sont assez étonnants.
--
1 => Le pape ose dire qu'il regrette que l'univers entier ne soit pas chrétien, que la seule raison aboutit, in fine, en Dieu. Et ça, ce n'est pas laïc.
Mais peut-on attendre d'un chef religieux qu'il souhaite comme ces protestataires-là l'extinction de son culte, qu'il le considère comme secondaire ? Peut-on exiger d'un invité politique qu'il ne formule pas ses convictions sur le monde si elles sont en contradiction avec une part importante de l'opinion du pays hôte ?
2 => Plus amusant, le pape, dans un toupet extrême, rejette toutes sortes de choses comme (d'une certaine manière et aux yeux des indignés, car c'est plus nuancé dans les textes) le libre arbitre et, plus grave encore l'usage du préservatif.
Ici, on peut faire la même remarque qu'il tient fort logiquement le rôle pour lequel il a été mandaté, sinon par Dieu, par ses pairs cardinaux et, ce faisant, par l'institution ecclésiale. Mais plus simplement encore, si le pape rejette l'usage des moyens de protection mécaniques contre les maladies vénériennes, ce n'est pas par désir criminel, simplement qu'il défend (et on peut dire que c'est à juste titre) la fidélité ou l'abstinence comme suffisante.
Etrangement, une large partie de la population non pratiquante, voire non croyante, se sent encore concernée par les décrets de l'Eglise. Mais s'ils n'y appartiennent plus, qu'importe que le pape interdise ceci ou cela, surtout lorsqu'ils n'en partagent pas les causes ! Ceux qui pensent que l'Eglise est une guignolade et rejettent ses préceptes moraux sont tout autorisés, et quoi qu'en pensent les autorités, à ne pas prendre en compte ces recommandations, ils n'iront pas rôtir en enfer pour autant - soit parce que Dieu est bon, soit parce qu'Il n'existe pas (gagnant à tous les coups).
--
C'est là une position assez étonnante : plus personne ne va à la messe (se rendre un dimanche dans une cathédrale de province est une expérience assez... édifiante), de moins en moins de fidèles adhèrent à la foi catholique, au moins dans son aspect le plus institutionnel, et beaucoup se sentent toujours concernés par les déclarations tout à fait libres d'un responsable religieux qui ne les concerne plus.
Si CSS regrette que l'Etat ne fasse pas dresser une statue à Blandine Staskiewicz et que les théâtres ne lui confient pas de premiers rôles, personne ne se sentira agressé, tout simplement parce que personne ne prendra en compte ces propos qui n'engageront que les lutins.
Le pape peut bien désirer que la France redevienne un Etat catholique et que le pointage à la messe dominicale conditionne le salaire mensuel, ça n'a rien de scandaleux dans la mesure où il ne dirige rien sur le sujet et exprime simplement un avis - quelque peu désespéré par ailleurs.
--
Le fait est sans doute que bien de ces réprobateurs ont hérité d'une culture judéo-chrétienne et culpabilisatrice encore très prégnante dans nos contrées (ce qui n'est pas un cadeau, il est vrai), et une fois affranchis, se sentent encore (de façon irrationnelle) à la merci de leurs anciens tortionnaires, dont les remontrances réveillent des souvenirs d'enfance encore mal maîtrisés.
C'est peut-être là davantage la raison de ce rejet violent que l'héritage, sans doute plus limité à certains courants intellectuels ou politiques, d'un anticléricalisme historique.
--
Souvenir : précédent fait d'armes de CSS contre le lynchage des laborieux.
Commentaires
1. Le vendredi 19 septembre 2008 à , par Papageno :: site
2. Le samedi 20 septembre 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
3. Le samedi 20 septembre 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
4. Le mercredi 1 octobre 2008 à , par licida :: site
5. Le mercredi 1 octobre 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
6. Le mercredi 1 octobre 2008 à , par licida :: site
7. Le mercredi 1 octobre 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
Ajouter un commentaire