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Magdalena KOŽENÁ

Voilà quelques jours que nous songions à parler de cette interprète, chérie depuis longtemps par les équipes de CSS.

A la faveur de la réécoute de sa Mélisande, commentée ici même, puis de sa Shéhérazade, sans parler de ses récitals Dvořák/Janáček/Martinů et Ravel/Britten/Chostakovitch/Respighi/Schulhoff/, chez DGG ou en concert, on désirait en dire un peu plus long peut-être.

Mais, quoi qu'il en soit, le prétexte nous est fourni par cette entrevue, filmée pour Virgin avec des moyens rudimentaires, mais très intéressante quant à notre réception des choix interprétatifs de cette artiste :

voici la vidéo en question.

Où l'on comprend pourquoi CSS aime tant cette interprète... Malgré le caractère amateur de l'entrevue, l'exercice hors-métier pour la chanteuse et la barrière potentielle de l'expression en français, quelques points fondamentaux sur son approche transparaissent.
Magdalena Kožená se dit intéressée avant tout par les potentialités dramatiques de ses rôles, très attentive à l'exaltation du texte ; considère comme nous que l'italien se prête moins bien à l'expression lyrique ; regrette par ailleurs que l'opéra italien rende le poids des mots si secondaire ; souhaite une approche transversale, qui ne se limite ni au grand répertoire, ni à des périodes définies.

Le drame, le texte, le poids des mots, le défrichage de répertoires peu fréquentés, le goût de périodes diverses... et après on se demandera pourquoi CSS, d'instinct, a quelque inclination pour cette dame. A posteriori, en tout cas, la convergence, surtout dans le cadre aussi compassé d'une entrevue promotionnelle, est éloquente. Car c'est ici tout le contraire du fameux « c’est bon pour ma voix », parole magique des interprètes lyriques ; au lieu de professeurs, de tessitures, d'anecdotes de scène, d'engagements, d'adéquation vocale, on nous entretient de rôles, de transgressions, de répertoires inconnus, d'intérêt théâtral. Appréciant de longue date la dame, on rit de bon coeur en constatant qu'on ne trouve jamais génial que ce qu'on cherche déjà...

Plutôt que de souligner le ton de l'entretien, d'une simplicité affable qui le rend agréable à entendre, on fera plutôt remarquer ces bouts de timbre, notamment sur les « a », qui émergent de cette voix parlée banale et nous donnent déjà à entendre la nature réelle de ce matériau vocal.




1. Fiche signalétique

Sur Magdalena Kožená, que dire ?

Mezzo-soprano demi-caractère, dotée d'une voix claire, de peu d'extrême-aigu mais capable de soutenir des tessitures de soprano demi-caractère. (Typiquement une voix pour Shéhérazade de Ravel, Mélisande dans Pelléas ou Dorabella dans Così fan Tutte.)
Dispose d'une agilité considérable.

Répertoire très vaste. Grande aisance linguistique.

A beaucoup enregistré d'oratorio seria (où elle a fait sa gloire), mais pratique réellement tous les genres.




2. Caractéristiques

Sur CSS, vous le savez, on s'attache à caractériser, autant que possible, les objets de nos descriptions.

La voix elle-même est très reconnaissable, avec ce vibrato serré délicieux, et ce timbre si singulier, comme blanc ; non pas le blanc de la voix sans vibrato et exsangue, mais plutôt un blanc qui brûle, un blanc de chaux, sous lequel couvent des écarlates.

Le style se caractérise par cette équidistance entre l'ingénuité du ton et la pose vocale très féminine ; l'effort de sens est patent, et chaque mot reste pris en contexte, jamais oublié, tandis que certaines paroles fortes sont soulignées, avec des idées toujours fortes, personnelles et justes.

Côté langue, où brille-t-elle le mieux ? Difficile à dire, car Magdalena Kožená est l'une de ces très rares artistes[1] qui ne semblent pas soumis aux contingences linguistiques : sa voix rayonne partout semblablement. Non pas comme une Sutherland, en déformant les quelques malheureux idiomes qui sont sa proie, mais bel et bien en respectant les caractéristiques articulatoires de chacune d'entre elles, et sans jamais modifier l'aspect de sa voix toujours identiquement irradiante. Une sorte de miracle - dû au travail, indubitablement.
Car on chercherait en vain dans son français la moins demie-erreur d'aperture ou d'accentuation expressive, il n'en existe tout simplement pas.

  • En tchèque, évidemment, elle se trouve à la maison.
  • En russe, de loin, on entend peut-être quelque chose de plus acidulé, de plus pincé, de moins rond que chez les russophones habituels. Nature de la voix ou influence articulatoire du tchèque - quoi qu'il en soit, nous n'avons jamais entendu personne dire le russe avec autant de précision sémantique.
  • En anglais, ici aussi, le timbre surprend, mais la prononciation elle-même reste orthodoxe.
  • L'allemand est peut-être le seul endroit où la prononciation reste un peu exotique et par moment un peu floue - on pense à ses Wolf. Mais il est vrai qu'elle l'a pour l'instant réservé au concert, et jamais enregistré hors des Bach (Johann Sebastian et Johann Christian), où la pureté de la langue n'est pas la qualité la plus recherchée.
  • En italien, la voix se pare simultanément d'une douceur et d'un mordant superbes.
  • En français enfin, si l'on excepte les aigus les plus hauts où les fréquences de la voix couvrent la diction, tout est parfait.

De ce fait, en tant que francophone, c'est peut-être son français qu'on préfère, tant il nous transporte directement par ses qualités intrinsèques (et, accessoirement, suscite notre admiration béate)... encore que son tchèque, son italien et son russe...
[On a omis le latin, chacun y fait sa sauce vocalique.]

Mais vous ne connaissez pas le plus fort de son talent. Réussir à faire enregistrer à Deutsche Grammophon un programme réunissant des oeuvres rares de Dvořák, Janáček et Martinů ! On nous dira que c'est là l'atout de la « couleur locale », et habillé de l’étiquette Love Songs, on peut toujours acheter ça par erreur, après tout. Mais que dire, dans ce cas de ce disque qui présente des mélodies pour petits effectifs chambristes, avec des hapax de Britten/Chostakovitch/Respighi/Schulhoff (certes, il reste les Madécasses de Ravel, mais ce n'est pas non plus ce qui fait déplacer les foules monolyricomaniaques en délire) - ?
C'est peut-être le plus impressionnant parmi tous ses talents : attendrir le coeur d'un directeur de collection d'Universal... jusqu'à lui faire oublier l'efficacité de diffusion du produit. Chapeau bas l'artiste.




3. Discographie

Très vaste, et surtout prodigue en récitals ! Bach, Haendel, raretés du seria tardif (chez les classiques), postromantiques tchèques (ce fameux disque Dvořák/Janáček/Martinů ainsi que son plus ancien récital, consacré aux mélodies de Vítězslav Novák), opéra français (Boïeldieu/Auber/Thomas/Massenet !), plus le disque profondément original que nous signalions (et sobrement intitulé Songs).

Pour nous épargner de la peine inutile, on renvoie à son site :

Côté intégrales d'opéra et d'oratorio, on peut citer :

  1. Au disque :
    • 1998 - Gluck, ARMIDE - Minkowski
    • 1998 - Rameau, DARDANUS - Minkowski (le songe, première prhygienne, une bergère)
    • 2001 - Vivaldi, JUDITHA TRIUMPHANS - de Marchi
    • 2001 - Haendel, THE MESSIAH - Minkowski (toute la partie d'alto)
    • 2002 - Bach, MATTHÄUS-PASSION - McCreesh (une des deux parties d'alto, et choeurs de même)
    • 2003 - Gluck, PARIDE ED ELENA - McCreesh (Paride)
    • 2003 - Haendel, GIULIO CESARE IN EGITTO - Minkowski (Cleopatra)
    • 2005 - Mozart, LA CLEMENZA DI TITO - Mackerras (Sesto)
  2. Au DVD :
    • 1999 - Gluck, ORPHEE ET EURYDICE - Gardiner (Orphée)
    • 2006 - Mozart, IDOMENEO, RE DI CRETA - Norrington (Idamante)


Et bien sûr, un Requiem de Mozart (Andreas Kröper, 1996) et un Te Deum de Charpentier (Marc Minkowski, 1997). Son plus ancien disque paru date de 1994, de la musique religieuse avec des forces tchèques (choeurs d'enfants compris).

Absents de cette discographie, on peut citer les Wolf/Möricke chantés en concert avec Martineau et sa Dorabella frémissante (Mozart, Così fan tutte : Rattle/Salzbourg le 17 avril 2004 et Levine/Met le 28 janvier 2006).

Pas de pochettes.
Vous aurez sans doute remarqué notre petite provocation consistant à présenter en photographie d’illustration une petite brunette « de l’Est »[2], photographie servant de support à un récital de noëls tchèques de 1998, et qui rendrait quiconque bien en peine de la reconnaître en la croisant aujourd’hui. Mais les photographes s'ingénient tant à nous vendre chaque chanteuse, contre toute évidence, comme une femme fatale (seule Nathalie Stutzmann semble y échapper aujourd'hui), au point de forcer aux contorsions les plus ridicules la physionomies de ces infortunées glottes sur pattes. La chose en est ridicule, pas pour des histoires de canons esthétiques qui rendraient les américaines souffrant (plus ou moins réellement, au demeurant) d'embonpoint insultantes pour les yeux, mais tout simplement parce qu'un photographe, surtout pour vendre un récital de lied devrait, semble-t-il, cherchait à capter une personnalité, plutôt que d'aligner chacune sur le même standard universel, ce à quoi elles se prêtent avec des bonheurs divers.
De surcroît, dans le monde classique, dès qu'une jeune femme s'approche de ces normes universalisées, on entend sans cesse répéter des éloges convenus sur sa beauté qui semble être un comble à son talent, etc. Ce qui nous vaut des représentations de Magdalena Kožená en femme moderne et dynamique, ou au contraire en muse lascive. Seul le récital Songs conserve une certaine élégance, avec ses dégradés de bleu nocturne et ce chignon grand genre - mais il ne nous dit rien non plus sur le contenu du disque.

Le comble est bien sûr atteint par les pochettes Naïve, qui flattent la clientèle bien caricaturée des amateurs de seria, voire du seul public « branché » du Théâtre des Champs-Elysées. La subtilité du procédé laisse sans voix. Et fait rire de bon coeur les cibles...

... à comparer avec le même opéra chez CPO (qui semble au contraire choisir ses pochettes très aléatoirement) :

Tant qu'à produire du stéréotype, j'ai plutôt de l'affection pour ce disque Sony (au demeurant, le flacon est très en-dessous de la liqueur), le premier récital d'Angelika Kirchschlager, et qui la présente comme une étudiante américaine - ce qui n'a strictement rien à voir ni avec son profil, ni avec le contenu franchement décadent du disque (Alma Schindler-Mahler/Korngold/Mahler), mais qui a le mérite de présenter un cliché attendrissant, un peu naïf, sur la façon de promouvoir ce disque. Une jeunette encore ignorante du monde, mais promise à un grand avenir...

C'est donc dit, vous n'aurez pas de pochettes.




4. Extraits commentés

4.1. Ravel, Shéhérazade.

Voici l' Asie qui ouvre le cycle, un chef-d'oeuvre, dans quelque main qu'il soit. La direction de Rattle a tendance laisser étrangement des césures entre les changements de climats soudains, ce qui en gâche l'effet, et la pâte de Berlin est peut-être un peu stable, parfois un peu épaisse, mais on aurait mauvaise grâce à faire la fine bouche.
[Concert de 2005, non publié.]

La diction de Kožená, à part dans l'aigu où la tension masque certaines syllabes, est remarquable, et surtout d'un poids expressif, d'une gourmandise verbale constants.

Evidemment, ce vibrato serré, ces tons blancs brûlants comme la chaux sont idéaux pour nous troubler à l'écoute de cette rêverie voluptueuse.

Voyons de plus près comment cela fonctionne avec cet extrait qui nous porte immanquablement le coup de grâce.

Je voudrais voir des calumets entre des bouches
Tout entourés[3] de barbes blanches
Je voudrais voir d'âpres marchands aux regards louches
Et des cadis, et des vizirs [...]

On s'intéresse essentiellement au troisième vers de ce groupe. Un « je » délicatement insistant, qui souhaite, mais qui implore ou commande simultanément, comme si l’accumulation de ces optatifs créait une sensation de puissance verbale sur le réel. Le « a » de « voir » est légèrement ouvert, comme avide, presque hagard devant ces mondes qui apparaissent par la force de la parole.
Et le complément d’objet, qui contient la rêverie, par la manière de son énonciation, se pare de couleurs incroyablement suggestives ; « âpres », avec son « a » postérieur mais quasiment ouvert, mimant comme un rictus à la fois rugueux et satisfait de quelque affaire ; et la chute « louches », avec son « ou » presque hullulant, faisant écho cette fois à la moue mi-dégoûtée, mi-enthousiasmée de la figure qui rêve – comme un enfant qui joue, gourmand, avec des drames planétaires dont il sait que le jeu les conserve, quoi qu’il en soit, à distance.

Ce vers est à lui seul d’une puissance absolument invraisemblable. Un modèle d’interprétation. Tous les mots ne sont pas « interprétés », mais le poids se pose habilement ici et là, de façon à construire ce décor et, simultanément, cette psychologie. Les paysages sont convoqués en même temps que le visage qui les rêve est dévoilé.
Vertigineux.




(Ce portrait sera complété.)

Notes

[1] Ce n'est pas le cas d'Angelika Kirchschlager, avec lequel elle partage en grande partie un répertoire commun, et qui est en quelque sorte son antithèse « sage », séduisant par son calme souriant plus que par sa fièvre exaltée.

[2] Eh oui, l'amalgame a la vie dure de ce côté-ci.

[3] Le texte original de Tristan Klingsor (Arthur Justin Léon Leclère) propose un féminin pluriel, ce qui est ici plutôt contredit par le traitement prosodique de Ravel ("entourés" étant plutôt sur le même plan que "calumets") - qui magnifie ce texte, de toute façon. L'image des "calumets entourés" est en tout état de cause un impropriété sémantique plus gracieuse.


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Commentaires

1. Le mercredi 5 septembre 2007 à , par Morloch

Amusant de voir l'inébranlable David transformé en groupie de base.

J'ai suivi les aventures de Magdalena Kozena depuis la sorti de cet extraordinaire récital Bach en 1999 je crois. Mais je n'ai pas entendu le récital " songs " avec un programme original, il va falloir que je me mette à jour.

Dans son cas, un nouveau cliché se développe, parce qu'il est question de clichés dans ce message, suite à sa relation avec Simon Rattle. Elle est en train de devenir la petite protégée du grand chef, et qui fait carrière grâce à lui. D'où des remarques du type " La philarmonie de Berlin vient avec Rattle, évidemment Kozena en soliste" avec clin d'oeil appuyé.

J'ai été aussi très impressionné par sa Mélisande, pas du tout une Carmen (d'ailleurs qu'est ce que cela voudrait dire ?) mais très subtile.

2. Le mercredi 5 septembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Bonsoir Morloch !


Amusant de voir l'inébranlable David transformé en groupie de base.

J'espère bien ne pas faire tout à fait de l'exubérance stérile, cependant. :-s

J'essaie de toujours laisser une place à la description, mais évidemment certaines oeuvres, certains artistes prêtent à l'enthousiasme. Et comme nous n'avons ici aucune obligation à la sobriété, n'est-ce pas ! [souriard qui bondit sur son séant]


J'ai suivi les aventures de Magdalena Kozena depuis la sorti de cet extraordinaire récital Bach en 1999 je crois. Mais je n'ai pas entendu le récital " songs " avec un programme original, il va falloir que je me mette à jour.

Elle a, de fait, été très connue par son travail dans le domaine baroque. Mais elle a réellement exploré beaucoup de choses, un peu comme une autre femme hors normes. <]:o)


Dans son cas, un nouveau cliché se développe, parce qu'il est question de clichés dans ce message, suite à sa relation avec Simon Rattle. Elle est en train de devenir la petite protégée du grand chef, et qui fait carrière grâce à lui. D'où des remarques du type " La philarmonie de Berlin vient avec Rattle, évidemment Kozena en soliste" avec clin d'oeil appuyé.

C'est un moyen mercatique marketing puissant, qui a évidemment ses « dommages collatéraux ». Le dernier récital d'airs mozartiens jouait précisément dessus, avec ces charmantes photographies façon vieux couple anglais :
.

Rien à voir avec le contenu du disque au demeurant, mais c'est mignon. [Si tu en veux d'autres, il existe même des cartes postales en forme de variations : si si].

De la même façon que lorsqu'on embauche Angela Gheorghiu, au naturel bien connu, pour jouer la petite Fanny, c'est bien avant tout pour avoir la paire en ayant embauché Roberto en Marius.

Du coup, la suspicion plane, et avec quelque raison, en un certain sens : lorsque les deux font la paire, ce n'est pas sans arrière-pensée des programmateurs.

Ensuite, évidemment, les appendices vipérins qui voudraient sous-entendre que Simon Rattle n'a fait carrière que grâce à l'invitation de Magda dans ses concerts n'auront pas mon soutien.


J'ai été aussi très impressionné par sa Mélisande, pas du tout une Carmen (d'ailleurs qu'est ce que cela voudrait dire ?) mais très subtile.

Une Carmen, c'est-à-dire (je présume...) une Mélisande côté femme, et très provocatrice. A l'audition, en tout cas, ce n'était pas le cas. Discrètement brûlant, mais sans cette ostentation préméditée que suggère, j'imagine, la comparaison avec Carmen.

3. Le mercredi 5 septembre 2007 à , par Morloch

Tiens, cela me fait penser que j'ai vu ce Tour d'Ecrou de Britten Aix avec Mimi et que j'ai adoré, il faudra que j'en dise un mot. Quel répertoire ahurissant pour une chanteuse ! depuis la tragédie lyrique jusqu'au XXème siècle en passant par Wagner et tout cela sans problème de transition, dans des interprétations à chaque fois étonnantes et réussies. C'est trop injuste autant de facilités...

Pffff... le 22 septembre pendant la diffusion du Pelleas sur Arte je serai probablement enfermé dans un mariage. Horreur. J'avais envie de le revoir, charmé que j'avais été, je vais peut-être remettre ce magnétoscope en état de guerre.

4. Le mercredi 5 septembre 2007 à , par DavidLeMarrec

Eh oui : Monteverdi, Rameau, Gluck, Sacchini, Cherubini, Verdi, Wagner, Bizet, Chabrier, Debussy, G. Charpentier, Vierne, Ropartz, Duparc, Britten, Kurtág...

Pas mal.

Cela dit, "facilité" n'est pas le mot que j'emploierais, vu l'effort qu'elle semble produire pour sortir ses sons. :)

*

Sinon, pour ma part, je ne pense pas regarder ce spectacle : Pelléas, ça ne peut pas être mis en scène, sauf coup de génie. Je reste avec mon univers sonore, je ne l'échange pas même contre deux paquets de Bonux.

En revanche, je réécouterai ma captation radio en cette circonstance.

5. Le lundi 10 septembre 2007 à , par Sylvie Eusèbe

De retour dispose sinon fraîche de quelques vacances non-musicales, je retrouve avec joie tout votre savoir-faire, cher David, dans ce long article que vous consacrez à Magdalena Kozena. Je ne peux m’empêcher d’y ajouter mes modestes impressions au sujet de cette chanteuse.
Fait rare et remarquable dans mon panthéon personnel des chanteurs qui réserve plutôt des concessions à perpétuité aux basses-barytons masculines et féminines, le mezzo-soprano de Magdalena Kozena m’a attiré l’oreille dès la première écoute du Giulio Cesare in Egitto sous la direction de M. Minkowski. C’est le premier enregistrement que j’ai découvert avec cette chanteuse, et je dois reconnaître que sa Cléopâtre m’a vraiment impressionnée. Elle m’a paru expressive et émouvante sans avoir recours à une virtuosité spectaculaire, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas virtuose, mais au contraire, ô comble de la virtuosité, que cela ne s’entend pas ! Je lis avec plaisir sous votre clavier que vous caractérisez sa voix par « un vibrato serré délicieux », quant au « blanc de chaux » (très belle expression ;-) ) dans son timbre, il va falloir que je la réécoute avec cette idée. Je serais encore bien en peine de décrire son timbre, ses accents et ses particularités bien que je commence à savoir la reconnaître.
Je ne connais pas le 100ème des enregistrements que vous citez ou listez, mais en effet sa « Juditha triumphans » me plait beaucoup, en revanche j’ai été très déçu par son récent récital Mozart avec S. Rattle. Je n’ai pas d’avis sur l’emballage genre « Meurtre dans un jardin anglais », en revanche je n’ai absolument pas apprécié les variations, peut-être légitimes musicalement parlant mais tout à fait nouvelles pour moi, que la mezzo réalise dans l’air de Cherubino. J’ai trouvé que cela brisait l’intensité dramatique de l’aria, même s’il peut être intéressant d’orienter Mozart vers le baroque (pensons aux variations dans les arias de Haendel). Pour le « reste » de ce CD, malgré le désir que j’avais de l’apprécier, je ne lui ai trouvé ni grand intérêt, ni volonté musicale affirmée… Cependant le crédit dont dispose auprès de mes oreilles M. Kozena ne souffrira heureusement pas de ce CD !

L’image que nous donnent aujourd’hui les pochettes des CD de N. Stutzmann (Winterreise, Schwanengesang chez Calliope) est à mille lieux de celle que nous donnaient les pochettes de ses Schumann des années 1990 (chez BMG-RCA), presque glamour et très « femme fatale » ! L’approche de l’image et de la communication des maisons de disques est évidemment révélatrice de leur politique « mercatique de marketing » ;-), Naïve est très performant sur la promotion (voir le site de leur dernier Vivaldi « Atenaïde » avec… NS, sortie prévu la semaine prochaine), Calliope semble privilégier un travail plus en profondeur avec les artistes.

Le 22 septembre, je fais une surboum chez moi à midi… Je dis cela non pas parce je vous y invite ;-), mais parce j’espère que mes invités seront partis avant le début de Pelléas. Je compte sur cette diffusion pour me rapprocher de lui : je suis toujours un peu en froid avec cette œuvre malgré tous vos efforts (je n’ai pas oublié le côté « spectaculaire » d’un en particulier :-) !!!

6. Le mardi 11 septembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Bonjour Sylvie !

Un vrai plaisir de vous relire sous ces latitudes url !


De retour dispose sinon fraîche de quelques vacances non-musicales, je retrouve avec joie tout votre savoir-faire, cher David, dans ce long article que vous consacrez à Magdalena Kozena.

Malheureusement, faute de temps, un peu inachevé, je voudrais ajouter quelques démonstrations concrètes, à l’image du premier exemple que je donne ici. Mais on ne peut pas tout faire…

Je ne peux m’empêcher d’y ajouter mes modestes impressions au sujet de cette chanteuse.
Fait rare et remarquable dans mon panthéon personnel des chanteurs qui réserve plutôt des concessions à perpétuité aux basses-barytons masculines et féminines,

:o)

le mezzo-soprano de Magdalena Kozena m’a attiré l’oreille dès la première écoute du Giulio Cesare in Egitto sous la direction de M. Minkowski. C’est le premier enregistrement que j’ai découvert avec cette chanteuse, et je dois reconnaître que sa Cléopâtre m’a vraiment impressionnée. Elle m’a paru expressive et émouvante sans avoir recours à une virtuosité spectaculaire, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas virtuose, mais au contraire, ô comble de la virtuosité, que cela ne s’entend pas !

Et pourtant, c’est déjà loin d’être son meilleur disque ! Dans Haendel, je préfère ses interprétations dans le Messie, mais il faut dire que j’ai entendu son Giulio Cesare alors que j’étais déjà sous le charme de son Orphée, et que c’en était quasiment une déception, tant son niveau remarquable n’atteignait pas la même intensité suprême de caractérisation (comme on dit entre nous ;-) ).


Je lis avec plaisir sous votre clavier que vous caractérisez sa voix par « un vibrato serré délicieux », quant au « blanc de chaux » (très belle expression ;-) ) dans son timbre, il va falloir que je la réécoute avec cette idée. Je serais encore bien en peine de décrire son timbre, ses accents et ses particularités bien que je commence à savoir la reconnaître.

Ces pages vous sont ouvertes lorsqu’il vous plaira de tenter l’exercice…

Je ne connais pas le 100ème des enregistrements que vous citez ou listez, mais en effet sa « Juditha triumphans » me plait beaucoup, en revanche j’ai été très déçu par son récent récital Mozart avec S. Rattle.

… que je n’ai pas écouté. Pour qu’un récital d’airs dépareillés attire mon attention, déjà… Et à plus forte raison lorsqu’on y entend que des tubes (et pas nécessairement majeurs…).

Par ailleurs, ce n’est pas dans Mozart que je la préfère, et si sa Dorabella au fer rouge m’a effectivement terrassé, les extraits que j’ai entendu de son très beau Sesto, ainsi que le rôle un peu ingrat d’Idamante ne m’ont pas autant renversé que ses meilleures prestations – si l’on prend sa surexcellence habituelle comme maître-étalon, bien entendu. :-)


Je n’ai pas d’avis sur l’emballage genre « Meurtre dans un jardin anglais », en revanche je n’ai absolument pas apprécié les variations, peut-être légitimes musicalement parlant mais tout à fait nouvelles pour moi, que la mezzo réalise dans l’air de Cherubino.

La fameuse romance, je présume ? Je n’ai jamais compris la fortune de cet air, délibérément écrit de façon banale par Mozart, et très réussi dans le contexte de semi-naïveté qui le contient. Mais de là à en faire un standard en tant que tel (pour des variations sur orgue, pourquoi pas…), et à ce qu’il éclipse « Non so più cosa son, cos a faccio », j’en reste aujourd’hui encore interdit.

Cela dit, en Cherubino, ce doit être absolument craquant. Vous parlez d’intensité dramatique, j’ai donc un doute que ce soit cet air en fin de compte.


L’image que nous donnent aujourd’hui les pochettes des CD de N. Stutzmann (Winterreise, Schwanengesang chez Calliope) est à mille lieux de celle que nous donnaient les pochettes de ses Schumann des années 1990 (chez BMG-RCA), presque glamour et très « femme fatale » !

Précisément, le travail de caractérisation du photographe pour Calliope me paraît assez réussi, avec le côté studieux qui me semble bien correspondre à sa personnalité musicale (qu’on le trouve exagéré ou pas, au demeurant). Et au minimum, ça nous sauve un peu des poses lascives pas toujours extrêmement bien jouées de Barbara Bonney, pour prendre un autre exemple qui vous est familier. :)


L’approche de l’image et de la communication des maisons de disques est évidemment révélatrice de leur politique « mercatique de marketing » ;-), Naïve est très performant sur la promotion (voir le site de leur dernier Vivaldi « Atenaïde » avec… NS, sortie prévu la semaine prochaine), Calliope semble privilégier un travail plus en profondeur avec les artistes.

… et CPO peut proposer de superbes pochettes comme des étiquettes de boîte à chaussures, tant le contenant semble secondaire chez eux. Ou au contraire Hyperion et Alpha qui offrent des contenus très soignés, parfois encore plus que le contenu du disque !

Naïve agace tout le monde, mais il faut bien reconnaître que la personnalité visuelle est très forte… Je parierais mon frac que c’est un vrai vendeur de lessive qu’ils ont embauché.


Le 22 septembre, je fais une surboum chez moi à midi… Je dis cela non pas parce je vous y invite ;-), mais parce j’espère que mes invités seront partis avant le début de Pelléas. Je compte sur cette diffusion pour me rapprocher de lui : je suis toujours un peu en froid avec cette œuvre malgré tous vos efforts (je n’ai pas oublié le côté « spectaculaire » d’un en particulier :-) !!!

C’est normal, il faut le temps.

Pour ma part, je risque ne pas regarder, comme je le disais à un autre endroit : Pelléas me paraît impossible à mettre en scène. En tout cas suffisamment bien pour se hisser à la hauteur de ses enjeux vertigineux.
Il y a peu de gens à qui je pourrais éventuellement faire confiance pour cela ; l’idéal étant sans doute une « mise en espace », un concert sans pupitres, avec trois lumières et un peu de mobilité.

Peut-être avec un personnalité discrète et profonde comme Giuseppe Frigeni, ou alors avec l’intensité sobre de l’Elektra de Decker (en évitant au contraire l’amateurisme flou de son Onéguine), je ne sais.


Mais on a dit le plus grand bien de cette mise en scène de Martinoty, que je crois juste trop descriptive pour moi, mais ce metteur en scène a incontestablement un très grand savoir-faire dans la technique visuelle et la direction d’acteurs.

Bonne journée !

7. Le jeudi 13 septembre 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Je suis contente de vous avoir amusé avec mes basses-barytons clownesques ;-) !

Comme vous, un « récital d’airs dépareillés » n’attire en général pas trop mon attention, mais ici comme il s’agissait de M. Kozena que j’apprécie, je n’ai pas raté l’occasion d’acquérir ce CD, d’autant plus qu’il était extrêmement bon marché…

Je parlais bien de l’arietta « Voi che sapete che cosa è amor ». Comme je suis très bon public, je préfère cet air à « Non so più cosa son, cosa faccio » ;-), et je n’hésite pas à le jouer à la clarinette (et non à l’orgue, désolée) car il est beaucoup plus facile que l’autre ! L’expression d’ « intensité dramatique » dont je me suis servie, et qui vous a trompé sur l’air que j’évoquais, traduisait pour moi l’évolution de Cherubino qui s’échauffe au fur et à mesure de son chant, dans en effet une semi-naïveté pleine de fraîcheur (malgré l’échauffement ;-) ).
Le livret du CD précise que l’ornementation qui m’a « gênée » ici est de Domenico Corri. À la réécoute attentive, c’est évidement assez séduisant, et surtout très bien fait de la part de la chanteuse, mais à mon avis cela amoindrit la simplicité et la franchise de Cherubino... Ceci dit, je reconnais que certaines « nouveautés » peuvent déranger mes habitudes d’écoute.

Je n’ai pas relevé toutes ces ornementations et je n’ai pas comparé avec une version plus « classique », alors d’après mon souvenir voici un aperçu des différences :
Voi che sapete
Che cosa è amor (envolée sur le a de amor, normal ;-) )
Donne, vedete
S’io l’ho nel cor. (à la reprise de ces deux vers, ornementations sur le premier et le dernier e de vedete, idem lors de la reprise finale qui voit en plus le a de sapete ornementé)
Quello ch’io provo
Vi ridiro ; (sur le i de vi, trilles ou quelque chose du même genre)

Pien di desir (i de di et e de desir)
Ch’ora è diletto (e de diletto enrubanné)
Ch’ora è martir. (a appuyé et fin de martir avec une intonation baroque)

Certaines ornementations sont si riches qu’elles rendent difficiles la compréhension des paroles. Il m’est arrivé plusieurs fois de perdre le fil et de ne plus savoir où on en était même avec le texte sous les yeux !

En fait, ce qui me surprend ici c’est le décalage entre le chant qui me fait penser aux airs baroques avec leurs reprises ornementées et l’orchestre qui sonne « classique ». Mais attention, le chant n’est pas ici vraiment baroque, c’est quelque chose d’intermédiaire entre un Gluck sur instruments anciens et un Mozart dirigé par Böhm… Finalement, c’est peut-être un juste milieu très réussi…

Oui, en effet « les pauses lascives » de Barbara Bonney ne semblent guère en accord avec sa personnalité ! Sur son dernier (hélas) CD, le récital FX Mozart, elle est photographiée plus simplement mais vêtue d’une robe longue rose-Barbie dans un décor de vieille maison un peu rustique… Bizarre !

Qui donc Naïve agace-t-il (ou -t-elle) ? J’ai eu un écho très favorable sur l’image et la promotion de Naïve de la part de quelqu’un qui est dans le milieu para-musical, et qui pourtant n’est pas tendre avec le superflu. Personnellement, quand j’ai eu compris que la jolie dame (ou le beau monsieur : il y a tout de même un public féminin pour la musique classique) sur l’emballage n’était pas une chanteuse (ou un chanteur), j’ai trouvé cela plutôt agréable, même si le côté « bel emballage pour faire vendre » est d’autant plus agaçant qu’il n’a aucun rapport avec le contenu. Cela me fait penser aux pochettes de CD de l’intégrale des cantates de Bach par Gardiner, elles sont confiées à un photographe qui fait des portraits dans le genre « ethnique de luxe ». Là, ça me dérange beaucoup plus parce que les personnes photographiées n’ont non seulement rien à voir avec Bach (ce qui n’est pas en soi un problème), mais en plus on se sert de leur image pour faire vendre un produit qui est à mille lieux de ces personnes (au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs)… et mon esprit parfois extrêmement « conservateur » trouve cela choquant.
Et puis, ce genre de pochette de CD, tout comme l’habillage du site internet de M. Kozena, sont comme des caricatures de la mode visuelle du moment, ils vont donc perdre très vite leurs attraits. Remarquez que c’est sans importance à notre époque où il n’y a guère que le développement que l’on souhaite (souvent avec hypocrisie) durable…

8. Le jeudi 13 septembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Bonjour Sylvie !

Comme vous, un « récital d’airs dépareillés » n’attire en général pas trop mon attention, mais ici comme il s’agissait de M. Kozena que j’apprécie, je n’ai pas raté l’occasion d’acquérir ce CD, d’autant plus qu’il était extrêmement bon marché…

Oui, je comprends bien. Ca me fait la même chose avec CPO. :-)


Je parlais bien de l’arietta « Voi che sapete che cosa è amor ». Comme je suis très bon public, je préfère cet air à « Non so più cosa son, cosa faccio » ;-), et je n’hésite pas à le jouer à la clarinette (et non à l’orgue, désolée) car il est beaucoup plus facile que l’autre !

En effet ! Mais je ne doute pas que vous sachiez y distiller de subtiles diminutions à faire pâlir Magda et Momon d'envie. :)


L’expression d’ « intensité dramatique » dont je me suis servie, et qui vous a trompé sur l’air que j’évoquais, traduisait pour moi l’évolution de Cherubino qui s’échauffe au fur et à mesure de son chant, dans en effet une semi-naïveté pleine de fraîcheur (malgré l’échauffement ;-) ).

L'échauffement, c'est précisément le semi(s).

Ah oui, si c'est bien joué, on peut concevoir cet échauffement, mais ce n'est pas souvent fait. Je n'ai pas le souvenir d'une version où ce soit le cas, à vrai dire. Ou bien est-ce que je saute sans cesse cet air ? :-)


Le livret du CD précise que l’ornementation qui m’a « gênée » ici est de Domenico Corri. À la réécoute attentive, c’est évidement assez séduisant, et surtout très bien fait de la part de la chanteuse, mais à mon avis cela amoindrit la simplicité et la franchise de Cherubino... Ceci dit, je reconnais que certaines « nouveautés » peuvent déranger mes habitudes d’écoute.

L'ornementation reste un grand débat, entre ceux qui y voient l'authenticité et ceux qui y voient une extrapolation douteuse...
Pour ma part, je ne suis pas gêné par l'absence d'ornementation chez Mozart (Dove sono s'en passe fort bien, par exemple), mais si elle est bien faite, je l'apprécie.


Je n’ai pas relevé toutes ces ornementations et je n’ai pas comparé avec une version plus « classique », alors d’après mon souvenir voici un aperçu des différences :
Voi che sapete
Che cosa è amor (envolée sur le a de amor, normal ;-) )
Donne, vedete
S’io l’ho nel cor. (à la reprise de ces deux vers, ornementations sur le premier et le dernier e de vedete, idem lors de la reprise finale qui voit en plus le a de sapete ornementé)
Quello ch’io provo
Vi ridiro ; (sur le i de vi, trilles ou quelque chose du même genre)

Pien di desir (i de di et e de desir)
Ch’ora è diletto (e de diletto enrubanné)
Ch’ora è martir. (a appuyé et fin de martir avec une intonation baroque)

Je ne crois pas que ce soit l'ornementation que j'avais déjà entendue ailleurs, plus sommaire. Ici, c'est en effet fichtrement enrubanné, comme vous le dites si joliment ; idéal pour un récital, sans doute. :)


En fait, ce qui me surprend ici c’est le décalage entre le chant qui me fait penser aux airs baroques avec leurs reprises ornementées et l’orchestre qui sonne « classique ». Mais attention, le chant n’est pas ici vraiment baroque, c’est quelque chose d’intermédiaire entre un Gluck sur instruments anciens et un Mozart dirigé par Böhm… Finalement, c’est peut-être un juste milieu très réussi…

C'est l'esthétique Rattle, ça. :) De bons Mozart, qu'ils soient sur instruments d'époque ou pas, selon les fois.


Oui, en effet « les pauses lascives » de Barbara Bonney ne semblent guère en accord avec sa personnalité ! Sur son dernier (hélas) CD, le récital FX Mozart, elle est photographiée plus simplement mais vêtue d’une robe longue rose-Barbie dans un décor de vieille maison un peu rustique… Bizarre !

Ca me semble mieux lui convenir, non ?


Qui donc Naïve agace-t-il (ou -t-elle) ?

Deux types de personnes :
- ceux qui ne sont pas visés, et qui trouvent ça absurde ;
- ceux qui sont visés, et qui ne goûtent pas trop la caricature qu'on fait d'eux.

J’ai eu un écho très favorable sur l’image et la promotion de Naïve de la part de quelqu’un qui est dans le milieu para-musical, et qui pourtant n’est pas tendre avec le superflu. Personnellement, quand j’ai eu compris que la jolie dame (ou le beau monsieur : il y a tout de même un public féminin pour la musique classique) sur l’emballage n’était pas une chanteuse (ou un chanteur), j’ai trouvé cela plutôt agréable, même si le côté « bel emballage pour faire vendre » est d’autant plus agaçant qu’il n’a aucun rapport avec le contenu.

Très efficace, oui (d'où mon parallèle avec les vendeurs de lessive). Personnellement, ça ne me gêne pas plus que ça (de toute façon, l'emballage), c'est juste de très mauvais goût.


Cela me fait penser aux pochettes de CD de l’intégrale des cantates de Bach par Gardiner, elles sont confiées à un photographe qui fait des portraits dans le genre « ethnique de luxe ». Là, ça me dérange beaucoup plus parce que les personnes photographiées n’ont non seulement rien à voir avec Bach (ce qui n’est pas en soi un problème), mais en plus on se sert de leur image pour faire vendre un produit qui est à mille lieux de ces personnes (au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs)… et mon esprit parfois extrêmement « conservateur » trouve cela choquant.

Je comprends bien : on photographie ces gens dans leur habitat, puis on s'enfuit vendre des produits de confort bien loin sur leur dos.
Cela dit, le symbole, religieusement parlant, me paraît efficace. L'universalité de Bach (qui est une forme de religiosité musicale...), le message du christianisme... Ca se tient en tout cas.


Et puis, ce genre de pochette de CD, tout comme l’habillage du site internet de M. Kozena, sont comme des caricatures de la mode visuelle du moment, ils vont donc perdre très vite leurs attraits.

L'avantage pour le site de Magda (pas de familiarité, juste pour éviter de passer sous traitement de texte pour copier le háček), c'est qu'il y a du contenu, notamment discographique, ce qui se démode plus difficilement. :D


Remarquez que c’est sans importance à notre époque où il n’y a guère que le développement que l’on souhaite (souvent avec hypocrisie) durable…

Et pourtant, la seule chose que je constate est la décroissance d'imagination chez les photographes (ou leurs commanditaires).

9. Le jeudi 13 septembre 2007 à , par Sylvie Eusèbe

PCO ? Conseil des Prélèvements Obligatoires, ou Chauffage Plomberie Olivieri ? Je vous avoue que cet éditeur de CD ne m’est pas connu mais qu’un petit tour sur le net vient de me montrer quelques-unes de ses productions. Leurs emballages ne semblent pas originaux et accrocheurs, j’ai juste noté l’intégrale des œuvres pour orgue de Bach illustrée genre Mondrian.

Merci de penser que je distille quelque chose dans ma clarinette en dehors de l’eau qui se trouve dans mon souffle, ce qui ne manque jamais de finir en bulles… ;-)

Comme vous avez dû vous en apercevoir avec Pelléas, je ne suis pas du tout réceptive aux symboles, alors l’évocation de l’universalité de Bach ou de la religiosité en général ne m’apparaît pas nettement ici…

Je suis d’accord, le site de M. Kozena (pour une fois, je choisis sciemment la faute d’orthographe ;-) ) propose beaucoup d’informations, notamment sa discographie et son agenda, ce qui est à mon avis le plus important pour les admirateurs, et je crois savoir de quoi je parle ;-) ! Pourtant je n’apprécie pas trop qu’il faille s’inscrire au fan-club pour avoir accès à des photos supplémentaires (et le site n’en est pas avare) même si elles sont, je vous l’accorde, très secondaires par rapport à la documentation musicale.

Ah en effet, personne ne parle du développement durable de l’imagination ! Pour avoir de l’imagination, soit on est doué dès le départ, et c’est très rare, soit on travaille beaucoup, et c’est aussi très rare, parce que pour cela il faut (entre autres denrées précieuses) du temps. Prendre son temps semble une notion tombée en désuétude aujourd’hui, il nous faut immédiatement ce qu’on désire, sans attendre. Les seuls temps qu’on n’arrive pas à réduire sont la queue à la Poste et les 9 mois qu’il faut à un enfant pour naître. Et que fait donc une personne travaillant au développement durable du temps ? Elle travaille à la Météo ou comme ses ancêtres alchimistes, elle cherche la pierre philosophale et son Grand Œuvre est encore et toujours la maîtrise du vieillissement humain. Ah Saint Graal, tu nous tiens et Parsifal n’est qu’un opéra !

10. Le jeudi 13 septembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

PCO ? Conseil des Prélèvements Obligatoires, ou Chauffage Plomberie Olivieri ? Je vous avoue que cet éditeur de CD ne m’est pas connu mais qu’un petit tour sur le net vient de me montrer quelques-unes de ses productions. Leurs emballages ne semblent pas originaux et accrocheurs, j’ai juste noté l’intégrale des œuvres pour orgue de Bach illustrée genre Mondrian.


Un petit tour dans la section "disques du jour" vous en montrera d'autres. :)

CPO est tout simplement le meilleur label du marché : répertoire original et complet, prix très bas, interprètes de valeur, prises de son très bonnes...


Comme vous avez dû vous en apercevoir avec Pelléas, je ne suis pas du tout réceptive aux symboles, alors l’évocation de l’universalité de Bach ou de la religiosité en général ne m’apparaît pas nettement ici…

C'est assez simple, on représente des visages "exotiques", comme pour figurer que Bach embrasse le monde entier. Et la prétention universelle de la religion chrétienne peut s'incarner dans ces visages si différents mais tous frères.
C'est en tout cas, je crois le sens de ces pochettes.


Je suis d’accord, le site de M. Kozena (pour une fois, je choisis sciemment la faute d’orthographe ;-) ) propose beaucoup d’informations, notamment sa discographie et son agenda, ce qui est à mon avis le plus important pour les admirateurs, et je crois savoir de quoi je parle ;-) !

:-)

Et vous aurez du mal à le cacher, car Google vous donne première pour la Meunière de Nat'...
http://www.google.fr/search?num=100&hl=fr&safe=off&client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&hs=ZG8&q=stutzmann+m%C3%BCllerin&btnG=Rechercher&meta=


Pourtant je n’apprécie pas trop qu’il faille s’inscrire au fan-club pour avoir accès à des photos supplémentaires (et le site n’en est pas avare) même si elles sont, je vous l’accorde, très secondaires par rapport à la documentation musicale.

Je n'avais pas noté cette fonctionnalité, ou j'avais oublié. En tout état de cause, les photograhpies s'adressent d'abord aux fans, pour le coup.


Prendre son temps semble une notion tombée en désuétude aujourd’hui, il nous faut immédiatement ce qu’on désire, sans attendre.

Tout dépend quel est le sens de prendre son temps, en somme. La patience est une bonne chose, certes, mais l'impatience a aussi ses vertus - si on la prend dans le sens du désir façon Deleuze, du désir "moteur".


Les seuls temps qu’on n’arrive pas à réduire sont la queue à la Poste et les 9 mois qu’il faut à un enfant pour naître.

Détrompez-vous : le jour où la Poste sera bien privatisée, on tâchera d'augmenter l'efficacité, par exemple par des automates ; et j'ai par ailleurs rencontré lundi, au sortir des Complies, une jeune fille qui, à quatre mois, devait prendre toutes les précautions pour ne pas arriver déjà à terme.


Et que fait donc une personne travaillant au développement durable du temps ? Elle travaille à la Météo ou comme ses ancêtres alchimistes, elle cherche la pierre philosophale et son Grand Œuvre est encore et toujours la maîtrise du vieillissement humain. Ah Saint Graal, tu nous tiens et Parsifal n’est qu’un opéra !

De toute façon, Parsifal n'est qu'un canard boîteux qui a besoin d'être rédempté, comme le dit Richie :
Erlösung dem Erlöser.

11. Le jeudi 13 septembre 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Je comprends bien votre explication du sens des pochettes Bach/Gardiner et vous remercie de votre sollicitude :-) !!!

Humm, n’oublions pas que c’est tout de même votre CSS qui abrite cette première Schöne Müllerin ;-)…

Votre remarque sur Parsifal me dépasse, mais ce n’est pas grave ;-).

Dans les prochains jours, je vais passer mon temps dans diverses files d’attente (super marché, banque, médecin, coiffeur, fnac…), j’en profiterai pour méditer Deleuze, « en attendant » je vous remercie pour le dialogue d'aujourd'hui et vous souhaite un week-end ensoleillé :-) !

12. Le jeudi 13 septembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Humm, n’oublions pas que c’est tout de même votre CSS qui abrite cette première Schöne Müllerin ;-)…

Qu'importe le flacon !

Votre remarque sur Parsifal me dépasse, mais ce n’est pas grave ;-).

Je cite juste le choeur final qui énonce en boucle "Rédemption au rédempteur", manière de dire qu'en effet, Parsifal, ça ne résout pas nos affaires.


Dans les prochains jours, je vais passer mon temps dans diverses files d’attente (super marché, banque, médecin, coiffeur, fnac…), j’en profiterai pour méditer Deleuze, « en attendant » je vous remercie pour le dialogue d'aujourd'hui et vous souhaite un week-end ensoleillé :-) !

Sur le désir moteur, Nietzsche fonctionne très bien aussi, mais il reste le problème de la traduction, et je sais que vous y êtes très sensible. :)

Je vous souhaite donc toute la patience nécessaire pour ces épreuves répétées. :o)

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