Ropartz, Cras, Le Flem - une trinité bretonne et maritime - I - Joseph-Guy Ropartz (oeuvres et discographie)
Par DavidLeMarrec, vendredi 18 août 2006 à :: Discographies - Oeuvres - Opéras français d'après le romantisme :: #359 :: rss
Paul LE FLEM. Qui pense à lui ? Trop peu de monde, hélas. Et pourtant, sa musique vaut bien celle Ropartz ou d’un Cras, en passe d’être mieux découverts, grâce à Timpani tout particulièrement.
Il forme avec eux deux, en quelque sorte, une trinité bretonne[1] marine imaginaire, mais cohérente si l'on veut regrouper trois compositeurs d'école française[2] et d'inspiration marine dans la première moitié du XXe siècle.
Quelques brefs jalons.
Joseph-Guy Ropartz.
Notes
[1] J'en profite pour préciser immédiatement, afin de ne pas leur porter tort, que malgré mon patronyme, je n'ai, pour des raisons personnelles, aucun motif particulier d'être attaché à la Bretagne, et c'est donc la seule teneur de ces oeuvres qui a retenu mon attention.
[2] Considération esthétique et non politique : bien qu'il y ait des affinités évidentes entre ces musiques, on peut difficilement de parler d'« école bretonne », la formation se déroulant indépendamment, à Paris.
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Joseph-Guy ROPARTZ (1864-1955) contitue en quelque sorte le versant passé de la trinité. Très catholique et très attaché à la mer, il hérite son style d'un Fauré debussysé, d'une certaine manière. Mais sans la moindre once du sirop qui affleure chez Fauré.
Ses mélodies sur l’Intermezzo de Heine se situent entre le dépouillement funèbre du Liszt du Via Crucis et l'univers des mélodies de Fauré. Entre ascétisme et séduction tendre.
Il n'en existe au disque que trois versions :
- une version orchestrale par Vincent Le Texier, très intéressante, mais totalement différente d'atmosphère du « lied » original ;
- une version avec piano par Vincent Le Texier. Le problème est tout de même que ce chanteur, pourvu d'une grande curiosité (pour chanter à la fois du Lili Boulanger, du Ropartz et du Giraud, entre autres !), a de véritables lacunes techniques qui rendent la voix laide, peu sonore, et brident totalement l'imagination et sa réalisation ;
- une version par José van Dam et Jean-Philippe Collard, très belle, mais sans doute un peu à contre-sens, péchant, du moins du côté du chanteur, par une rondeur (intrinsèque à son timbre, il faut le reconnaître !) pas très à propos dans ces poèmes grinçants, même adoucis par la traduction française - et on ne repètera jamais assez que la traduction française d'un poème allemand est inévitablement fade, voire médiocre, quel que soit le talent du traducteur.
A défaut de mieux, je recommande donc le double CD van Dam / Collard (moins cher que le CD simple contenant sensiblement le même programme), qui comporte aussi notamment des oeuvres de Saint-Saëns et Ibert.
Je garde un souvenir émerveillé de ce qu'en faisait Nicolas Testé[1], avec un charisme très particulier en scène qui ne paraît absolument pas au disque. La diction était très claire, l'incarnation simple mais tendue et sombre, pour un résultat très impressionnant, qui évitait l'écueil de tirer vers Fauré et le charmant, ce que cette musique n'est assurément pas ! (mais que la traduction française et la tradition d'interprétation rendent difficultueux à réaliser)
Le Requiem de Ropartz est sans doute celui que je préfère de tout le répertoire. Il n'en existe qu'une seule version discographique :
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On n'est plus exactement dans Fauré, dans quelque chose de plus imaginatif - à rapprocher de Lili Boulanger par exemple - mais pourvu de la même grâce.
Timpani se charge d'éditer au disque le catalogue Ropartz, avec un brillant succès.
Signalons, entre autres, Le Pays, un opéra de belle facture. On peut penser aux Cantates du Prix de Rome de Ravel (autre disque à recommander, Plasson EMI), dans ce style incertain qui ne fait plus du Massenet, mais pas vraiment quelque chose de nouveau. Le pari est sans doute moins réussi que pour les cantates, plus "classiques", de Ravel, mais l'oeuvre s'écoute avec intérêt. On peut être surpris qu'Opera International lui ait accordé sa rare récompense du timbre de platine - mais à la bonne heure, si cela peut aider Ropartz et Timpani !
Jean-Yves Ossonce dirige le Philharmonique de Luxemboug, avec Mireille Delunsch, Gilles Ragon, Olivier Lallouette.
A Nancy a eu lieu en 2004 l'exécution de l'intégrale des Symphonies de Ropartz. Timpani n'est naturellement pas en reste, avec une reflet discographique de l'événement.
Sébastian Lang-Lessing avec l'Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy.
Une exécution de bonne facture, pour des oeuvres un peu monodiques, pas terriblement personnelles, qu'on est cependant heureux d'entendre.
On ne s'étendra pas sur toutes les oeuvres, symphoniques ou chambristes, proposées par Timpani, nous y passerions notre jeunesse et plus si affinités. Mais pour approcher Ropartz, les poèmes de l'Intermezzo et le Requiem sont assez incontournables et hautement enthousiasmants.
Notes
[1] Je cherche en vain le nom de l'accompagnatrice, au jeu spirituel et souple, remarquable en tout point et que je ne parviens pas à nommer. Qu'elle veuille bien m'en excuser.
Commentaires
1. Le samedi 19 août 2006 à , par Bra :: site
2. Le samedi 19 août 2006 à , par DavidLeMarrec
3. Le mercredi 23 août 2006 à , par Bra :: site
4. Le mercredi 23 août 2006 à , par DavidLeMarrec
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