A la découverte de Pelléas & Mélisande de Debussy/Maeterlinck - I - Présentation succincte
Par DavidLeMarrec, mercredi 19 juillet 2006 à :: Autour de Pelléas et Mélisande :: #305 :: rss
Je vous propose donc cette balade dans l'oeuvre, à travers des extraits commentés d'enregistrements du domaine public ou non commerciaux (afin de ne léser personne).
1. Quelques banalités en introduction
1.1. La création
Contrairement à ce qu'on en dit parfois, l'oeuvre n'a pas chuté lors de sa création à l'Opéra-Comique, soutenue par la jeune garde enthousiaste qui venait gonfler le succès très mitigé. On connaît bien l'histoire tumultueuse de la collaboration entre Debussy et Maeterlinck, ce dernier ayant souligné la nature fortement invalidante pour la qualité du texte des coupures opérées par le compositeur. Mais personne ne s'aveugle sur les véritables raisons de la brouille définitive entre les deux hommes : Maurice Maeterlinck souhaitait imposer Georgette Leblanc, soeur de Maurice Leblanc et accessoirement maîtresse de notre poète, tandis que Debussy avait fini par imposer l'américano-écossaise Mary Garden, au français parfaitement intelligible et dosé mais dont on moqua un peu l'accent à la création.
La querelle fut très vive, puisque certains témoignages laissent entendre que Maeterlinck aurait pensé à provoquer Debussy en duel. Il faut dire que ce dernier n'avait reçu l'autorisation d'utiliser Pelléas & Mélisande qu'à la condition expresse que le rôle féminin principal soit confié à Georgette Leblanc. On alla même jusqu'au sabotage, en saccageant le matériel d'orchestre - les (nombreuses) altérations en avaient été biffées !
Il nous reste un témoignage assez émouvant de Mary Garden chantant Mélisande avec Debussy au piano. Voici la chanson de la première scène de l'acte III (enregistré en 1904 mais son véritablement excellent !).
Très intéressant, car il s'agit du témoignage d'une autre école de chant : vibrato un peu serré et irrégulier, privilège de l'expression sur la justesse (pression du souffle pas toujours bien maîtrisée)... Et Debussy, sans être un grand virtuose, a quelque chose d'assez touchant, comme en attestent encore mieux les reconstitutions par piano mécanique des interprétations de ses propres oeuvres.
1.2. L'oeuvre
Deux mots très généraux sur Pelléas. Il s'agit d'une oeuvre évidemment impressionnante. Tout en s'attachant de très près à la prosodie française, Debussy ménage un langage éminemment personnel, qui crée un monde onirique propre à prolonger les atmosphères incertaines de son livret. Certes, tout est appuyé sur la prosodie, mais celle-ci est réinventée et ne correspond pas strictement à la reproduction des inflexions parlées (contrairement aux récitatifs de Massenet ou Landowski).Tout le monde assure que c'est un chef-d'oeuvre absolu et ce n'est que justice, notamment en ce qui concerne le traitement orchestral. Ou la capacité à magnifier les potentialités du livret par cette nouvelle prosodie, et ces atmosphères très mystérieuses.
Le livret de Maeterlinck, quant à lui, travaille plus sur un système d'écho que sur le soin strict de la langue auquel nous sommes accoutumés. On reviendra particulièrement sur cela.
Pour prolonger ces plaisirs, outre Rodrigue et Chimène du même (assez marqué par le Tristan und Isolde de Wagner), le Polyphème de Jean Cras est exactement dans la même veine musicale, un rien plus lyrique sans doute, plus stable, plus « opératique ». La musique en est quasiment aussi exceptionnelle. Et l'interprétation sur disque Timpani à l'avenant.
Commentaires
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