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Le mythe de Médée, un parcours - II, les auteurs - 1, Hésiode

A la découverte des auteurs ayant traité Médée. Par ordre chronologique en Grèce, puis à Rome.


Hésiode.

La glorieuse fille de l'Océan, Perseïs donna au Soleil infatigable Circé et le monarque Éétés.
Eétés, fils du Soleil qui éclaire les mortels, épousa, d'après le conseil des dieux, Idye aux belles joues, cette fille du superbe fleuve Océan, Idye, qui, domptée par ses amoureuses caresses, grâce à Vénus à la parure d'or, enfanta Médée aux pieds charmants.

Légèrement plus loin :

Docile aux conseils des dieux immortels, le fils d'Éson enleva la fille d'Eétés, de ce monarque nourrisson de Jupiter, lorsqu'il eut accompli les nombreux et pénibles travaux que lui avait imposés le grand roi Pélias, ce roi orgueilleux, insolent, impie et criminel. Vainqueur enfin, après de longues souffrances, il revint dans Iolchos, amenant sur son léger navire cette vierge aux yeux noirs, dont il fit sa charmante épouse. Bientôt, amoureusement domptée par Jason, ce pasteur des peuples, elle mit au jour Médus que Chiron, ce rejeton de Phillyre, éleva sur les montagnes. Ainsi s'accomplissait la volonté du grand Jupiter.

HESIODE, La Théogonie
Traduction de M. A. BIGNAN


Ceci est l'intégralité des mentions faites de Médée par Hésiode, dans cette somme exhaustive de la Théogonie. Chez lui, Médée est donc la fille de l'Océanide Idye, et par là même la petite-fille de sa tante Perseïs.

Chez Hésiode, la source la plus ancienne à nous être parvenue Circé est donc la tante de Médée, et non sa soeur (lorsqu'elle est considérée comme fille d'Hécate). C'est la version la plus couramment retenue dans les synthèses. Pas de mention d'un frère d'Aiétès, même si sa mère rappelle le nom de son frère Persès. [Je vous renvoie au plan pour plus de clarté. Point 9, ici.]

Dans ce texte riche en épithètes homériques, Médée est considérée comme une enfant de la passion, grâce à Vénus à la parure d'or. On notera que le parcours argonautique de Jason n'est pas nommé, et que la répudiation de Médée est tue. Médos, fils de Médée et d'Egée dans les traditions qui font mourir les deux enfants de Jason, est ici le fils du conquérant de la Toison[1], et ne meurt donc pas, amené à fédérer la Médie et à lui donner son nom - c'est là du moins ce qu'on peut deviner de la volonté du grand Jupiter.

Chez Hésiode, Aiétès n'est pas cruel, Médée n'est pas traîtresse à son père, Jason ne manque pas à ses devoirs d'époux. C'est là une tradition très positive, qui met l'accent sur la féminité et la passion amoureuse à l'oeuvre dans cette lignée, comme principe fondateur. On y trouve donc en germe le fonds du mythe, sans que ses éléments constitutifs habituels ne soient exposés ou même déduisibles.

Notes

[1] Son initiation par Chiron devient un écho évident à la jeunesse du père.


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Commentaires

1. Le vendredi 9 juin 2006 à , par kfigaro :: site

J'ai toujours beaucoup apprécié (depuis l'enfance) les mythes de Jason et de Médée, en passant as tu vu le film éponyme de Pasolini avec Maria Callas dans le rôle titre ? (Laurent Terzieff se chargeant d'endosser le rôle de Chiron ;)) - un beau film particulièrement habité.

2. Le vendredi 9 juin 2006 à , par DavidLeMarrec

Eh bien, c'est le moment de faire valoir tes talents de commentateurs ! Je donne les textes exprès pour que le débat soit possible.

Je n'ai pas vu ce film, pour plusieurs bonnes ou mauvaises raisons. Pour commencer par les mauvaises, comme tu le sais, ma culture cinématographique, déjà très modérément conséquente, s'arrête un peu avant l'apparition de la couleur. 1920 à 1950, grosse maille. Aussi, l'esthétique de Pasolini, si j'en crois les photographies que j'ai pu voir, risque de me laisser bien désemparé.
Autre raison, peut-être meilleure celle-là, je n'aime guère les choix dramatiques de Maria Callas, que je trouve souvent bien outrés. Une véritable présence, une science du chant évidente, mais une tendance à souligner les effets expressifs déjà présents dans un texte (ou une musique), avec un effet pilon-premier degré. Je ne suis pas très enthousiaste à l'idée de voir ça, donc, surtout que l'esthétique du film m'a l'air bien chargée et apprêtée.
Et pour combler ma honte, je ne vois pas qui est Laurent Terzieff.

De toute façon, les films en couleur qui m'ont convaincus ne sont pas très nombreux. Heaven knows, Mr Allison est l'un des très rares (moins qu'il n'y a de doigts sur une main) films en couleur à m'avoir enthousiasmé. Le seul de son auteur, d'ailleurs. Etrange, n'est-ce pas ? La couleur me fait perdre la plasticité de l'image, et je suis complètement perdu dans cet univers esthétique qui m'est totalement hermétique.

Je suis évidemment très sensible aux phrasés des acteurs, ce qui interdit bon nombre de mauvaises VF, et surtout bon nombre de films récents qui miment au plus près le réel, en apparence du moins. J'ai du mal à concevoir qu'on puisse attribuer du génie à un acteur, comme on l'entend parfois, à partir de sa version doublée !

3. Le vendredi 9 juin 2006 à , par kfigaro :: site

Une véritable présence, une science du chant évidente, mais une tendance à souligner les effets expressifs... mais une tendance à souligner les effets expressifs déjà présents dans un texte (ou une musique), avec un effet pilon-premier degré

ben justement dans le Pasolini en question, je l'ai trouvé relativement sobre, voire même austère dans son jeu d'actrice, son rôle d'inquiétante ensorceleuse l'exigeait peut être un peu...

pour le "Heaven Knows Mr. Allison", il s'agit d'un Huston que je ne connais malheureusement pas encore, mais j'ai adoré son "Freud" (c'est du noir et blanc !! ça te plairait peut être ?)

Pour te faire aimer la couleur, tente peux être "Le mépris" de Godard ? il y a de très beaux coloris (en plus de la musique de Delerue et de la narration du faux film de Lang en pleine réalisation de "L'Odyssée" d'Homère - on est pas si loin de ton billet de départ tu vois ! ;-))

Pour la VF versus la VO c'est encore un autre débat..., il paraîtrait que les vieux films (ceux avec Marilyn Monroe par exemple) étaient moins bâclés que maintenant sur ce plan (les doubleurs étant d'un talent certain)... sur Abeille, un spécialiste de la question (il travaillait dans le cinéma et la post-production) affirmait que les VF (du moins actuellement) étaient en général épouvantables, pour ma part (qui ne suis pas puriste), je dois me contenter de VF lorsque ma médiathèque ne dispose que de vidéos en VF (ça arrive) mais au cinéma, je vois surtout des VO d'autant plus que le seul cinéma potable de Limoges ne passe que des VOs !! (le problème est donc réglé ! :-))

4. Le vendredi 9 juin 2006 à , par kfigaro :: site

pour Laurent Terzieff, il a surtout oeuvré dans le théâtre avec un physique de beau-ténébreux. Buñuel la magnifiquement employé dans "La voie lactée" (encore un film en couleur, je suis désolé... ;-))

pour les "noirs et blancs" récents, tente le "Dead man" de Jarmuch et dans une moindre mesure "Ed wood" de Tim Burton, dans le Jarmuch, il y a vraiment une poésie magnifique...

5. Le vendredi 9 juin 2006 à , par DavidLeMarrec

ben justement dans le Pasolini en question, je l'ai trouvé relativement sobre, voire même austère dans son jeu d'actrice, son rôle d'inquiétante ensorceleuse l'exigeait peut être un peu...

On essaiera donc !


pour le "Heaven Knows Mr. Allison", il s'agit d'un Huston que je ne connais malheureusement pas encore, mais j'ai adoré son "Freud" (c'est du noir et blanc !! ça te plairait peut être ?)

Je n'aime pas beaucoup Huston d'habitude, même en noir et blanc, mais je n'ai pas vu Freud, à tenter.


Pour te faire aimer la couleur, tente peux être "Le mépris" de Godard ? il y a de très beaux coloris (en plus de la musique de Delerue et de la narration du faux film de Lang en pleine réalisation de "L'Odyssée" d'Homère - on est pas si loin de ton billet de départ tu vois ! ;-))

C'est noté.


Pour la VF versus la VO c'est encore un autre débat..., il paraîtrait que les vieux films (ceux avec Marilyn Monroe par exemple) étaient moins bâclés que maintenant sur ce plan (les doubleurs étant d'un talent certain)...

Tout à fait, tout dépend de la qualité du film, de la traduction, du doubleur, etc. Mais ça change tout de même pas mal de choses.


sur Abeille, un spécialiste de la question (il travaillait dans le cinéma et la post-production) affirmait que les VF (du moins actuellement) étaient en général épouvantables, pour ma part (qui ne suis pas puriste), je dois me contenter de VF lorsque ma médiathèque ne dispose que de vidéos en VF (ça arrive) mais au cinéma, je vois surtout des VO d'autant plus que le seul cinéma potable de Limoges ne passe que des VOs !! (le problème est donc réglé ! :-))

Du moment que ça fonctionne, c'est parfait. Le problème n'est pas tant de ne pas être en VO que la qualité artistique souvent médiocre des VF...


pour Laurent Terzieff, il a surtout oeuvré dans le théâtre avec un physique de beau-ténébreux. Buñuel la magnifiquement employé dans "La voie lactée" (encore un film en couleur, je suis désolé... ;-))

Buñuel est l'un des rares cinéastes chez lesquels je trouve, même en couleur, une véritable esthétique envoûtante. Ca fait longtemps, néanmoins, que je ne me suis pas replongé dedans. A tenter.


pour les "noirs et blancs" récents, tente le "Dead man" de Jarmuch et dans une moindre mesure "Ed wood" de Tim Burton, dans le Jarmuch, il y a vraiment une poésie magnifique...

Les films dichromatiques ( <]8-) ) actuels ne m'enchantent à peu près jamais : le contraste, la plasticité de la couleur sont absents, on y voit mal, c'est plat et vilain.

Et puis, mince ! Pourquoi je n'arriverais pas à voir de la couleur ?

Merci de tenter de me remettre sur le droit chemin.

6. Le vendredi 9 juin 2006 à , par kfigaro :: site

Je n'aime pas beaucoup Huston d'habitude, même en noir et blanc, mais je n'ai pas vu Freud, à tenter.

pas facile à trouver malheureusement, je l'ai saisi au vol lors de sa dernière diffusion sur Arte mais il ne repassera pas de sitôt (et aucun DVD ni même VHS n'est disponible pour se rattraper :( ) - la musique de Jerry Goldsmith (j'en reparlerais chez moi) est très inspirée quoique souvent pastichée sur Bartok et Berg

Buñuel est l'un des rares cinéastes chez lesquels je trouve, même en couleur, une véritable esthétique envoûtante. Ca fait longtemps, néanmoins, que je ne me suis pas replongé dedans. A tenter.

tout à fait d'accord avec toi, un film comme "Belle de jour" possède des couleurs magnifiques par exemple... ah, autre film susceptible de te plaire : "Thérèse" d'Alain Cavalier (je ne connais hélas que des extraits mais j'ai la vidéo sur ma liste de films à voir quand mon fichu boulot me laissera un peu de temps libre...), le cinéaste s'inspire énormément de Georges de la Tour et il a disposé ses décors et ses accessoires selon une esthétique très proche du peintre (présence d'animaux de couleurs sur un arrière fond de couleur neutre, etc...).

sinon heureux de savoir que tu apprécies cet immense bonhomme avec son humour noir si particulier ;) (finalement tu connais le cinéma mieux que tu ne le dit !!)

7. Le vendredi 9 juin 2006 à , par DavidLeMarrec

Le film de Cavalier me tente beaucoup. Quel est le sujet ? Ca se trouve facilement, ça date de quand ?

8. Le vendredi 9 juin 2006 à , par kfigaro :: site

il s'agit de l'histoire de Thérèse Martin canonisée en 1925 (dites Thérèse de Lisieux), le film s'intéresse surtout à la vie de la jeune carmélite au milieu de ses consoeurs mais comme je te le dis je n'en connais que des extraits, ça date de 1986 et ça se trouve en médiathèque, je crois que c'est sorti en DVD chez Arte récemment...

j'aime beaucoup ce cinéaste par ailleurs...

9. Le vendredi 9 juin 2006 à , par DavidLeMarrec

En médiathèque chez moi, ça risque être difficile, mais je tenterai peut-être le DVD, c'est vraiment très prometteur

Merci !

10. Le mercredi 14 juin 2006 à , par kfigaro :: site

De rien, je viens ce soir de combler cette lacune puisque j'ai vu le film en question... absolument superbe et il correspond bien à ma description de départ (faite par rapport aux extraits vus), je ne te raconte pas la fin mais tu l'imagines si tu t'es renseigné sur la (courte) vie de Thérèse Martin ;)

En tout cas, c'est un film qui risque de te réconcilier avec les "films en couleurs", je pense.

11. Le mercredi 14 juin 2006 à , par DavidLeMarrec

Non, une sainte qui meurt à la fin ! Mais tu me fais un spoiler du diable ! :-)

Je tente ça dès que je peux, je le mets en haut de la pile (qui contient environ très peu de films en attente). Très alléchant.

Il faut que je réquisitionne une télévision, aussi.

12. Le mercredi 30 août 2006 à , par DavidLeMarrec

A propos, j'ai vu un extrait de la Médée de Paso, récemment. Effectivement, malgré le côté extrêmement chargé qui me faisait peur, c'est esthétiquement d'une très grande maîtrise.

Peu de dialogues pour moi, évidemment, mais c'est réellement attirant.


[Jeu : Combien d'adverbes y a-t-il en moyenne par phrase, dans ce message ?]

13. Le mercredi 4 octobre 2006 à , par kfigaro :: site

oups, loupé ce "up" de commentaire pour ma part, désolé ! ;)

je suis heureux que tu ai aimé l'extrait en tout cas, j'espère que ça te donnera envie de regarder le film en entier lorsque l'occasion se présentera ! :-)

A +

14. Le samedi 18 novembre 2006 à , par Caroline

Le film de Pasolini est, à mon sens, vraiment à voir. Il est esthétiquement très construit, c'est vrai, et Callas y est formidable, non qu'elle fasse du Callas mais bel et bien du Pasolini... c'est d'ailleurs ce qui a choqué à l'époque.
La qualité du DVD sorti il y a 2 ou 3 ans est elle aussi remarquable.

C.

15. Le samedi 18 novembre 2006 à , par DavidLeMarrec

Tiens, mais qui vois-je !

Décidément, mon repaire n'a plus rien de secret !


Bien heureux de te lire par ici, ô Caroline.

Je note pieusement ta recommandation. J'avais noté, oui, une certaine concentration dans le jeu d'habitude plus outré de Callas - ce que je craignais. Et si la couleur est esthétique, comment puis-je résister ? Qui plus est, je l'avais (fait) enregistrer lorsque France 3 l'avait diffusé, il y a peu de mois.

Mais il faut mobiliser une télé quelque part, et prendre le temps... Je le ferai donc, puisque tout (et chacun) m'y convie. :)

16. Le samedi 18 novembre 2006 à , par fitze

"Cet autre maraud loge ici ? C'est une caverne !"

;-)

Non, je n'ai rien de mieux à dire, mais comme ça je salue tout à la fois le sieur B. et dame C.

17. Le dimanche 19 novembre 2006 à , par Caroline

Salut à toi, Fitze!

C.

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