A rebours
Par DavidLeMarrec, vendredi 14 avril 2006 à :: Vaste monde et gentils :: #188 :: rss
Le discours politique de François Bayrou. Exemples et extensions.
Une déclaration de François Bayrou. [Journal du soir, sur France Culture, dimanche ou lundi.] Où il souhaite une Sixième République. A la bonne heure. Quels sont ses arguments ?
- Les hommes actuels ont montré leur épuisement, et par là même celui des institutions, puisqu'ils n'ont écouté personne et gouverné avec leurs pieds. [Vous ne saviez pas ce qu'était un faux rapport logique ? Vous ne pourrez plus en dire autant.]
- Le parlement est trop faible, il faudrait la proportionnelle pour décider plus vite. [Il est bien connu que la proportionnelle facilite la stabilité et la constitution de majorités parlementaires.]
- La proportionnelle favoriserait la réunion d'un grand centre à l'allemande, avec du centre-gauche et du centre-droit réuni autour du centre - bon, il se trouve que c'est lui qui est au centre, mais ce n'est que fortuit, bien évidemment. [Evidemment, la réunion plus ou moins instable autour du Centre est éminemment morale. Ne me demandez pas pourquoi le centre est plus moral que le haut ou le bas, mais lui en est persuadé, ce qu'il y a de sûr.]
Si l'on excepte le ridicule de ces voeux velléitaires, électoralistes, mal ficelés, mal défendus, remplis d'effets secondaires, j'aimerais faire deux remarques un peu plus formelles qui justifient mon titre.
- Présenter, pour séduire l'électorat, que les solutions que propose F. Bayrou auraient pour effet de le faire élire et gouverner est totalement sot : les gens votent pour un candidat dans l'intention qu'il les satisfasse, et pas pour qu'il assure qu'il sera élu !
- C'est en outre prendre le problème à l'envers : pour appliquer ce programme qui le fera élire, il faudrait qu'il soit d'abord au pouvoir. Tous ces échafaudages constitutionnels
(aussi peu inventifs que bien maladroits) n'ont donc aucun objet, puisque, en l'absence de ces dispositifs, F. Bayrou ne sera pas élu !
Bref, c'est assez symptômatique de :
- L'absence d'imagination, notamment constitutionnelle – mais hélas pas seulement, ce serait un moindre mal – de nos "élites" politiques.
- La maladresse absolue de François Bayrou à vendre son projet bien tiédasse, alors même que sa position sans rival au centre est très confortable, n'ayant pas à choisir. Son seul effort semble d'avoir été, ces dernières années, de transformer un parti de centre droit en un parti de centre tout court. (voir l'opposition ridiculement farouche au CPE, lorsqu'il y a tant de sujets où il aurait pu s'offusquer avec plus de bonheur)
- Le caractère bien virtuel des propositions des candidats (notamment François Bayrou), à tel point que, loin de présenter des projets irréalisables à coups de sophismes séduisants, ils arrivent à présenter des projets réalisables avec force incohérences logiques dans leur propos. On l'a vu avec le gouvernement qui vendait le CPE comme un sous-contrat, un effort à demander aux jeunes pour faciliter leur insertion, alors que le caractère désavantageux du CPE est hautement discutable. Et on le voit ici avec F. Bayrou, qui nous donne pour programme une fois élu la seule disposition qui lui permettrait un jour d'accéder au pouvoir ! Bref, une palinodie exemplaire.
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